Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 134

États et marchés financiers

modifia la loi du 28 mars 1885 sur les marchés à terme (cf. supra, 1ère
partie) en légalisant « tous marchés à terme sur effets publics et autres,
tous marchés à livrer sur valeurs mobilières, denrées ou marchandises
ainsi que tous marchés sur taux d'intérêt ». La même loi introduisit la
notion de chambre de compensation dans notre droit, en disposant que
« chaque opération sur contrat à terme est enregistrée par une chambre
de compensation, ayant le statut d'établissement de crédit, qui en garantit
la bonne fin ».
Enfin, c'est dans ce cadre légal, et avec l'appui du Trésor public, pour les
raisons que nous avons dites supra, que fut créé en 1986 le Matif, acronyme
qui signifia d'abord « Marché à terme des instruments financiers » puis
« Marché à terme international de France ». Son ouverture fut suivie en
1987 par celle du Monep, « Marché des options négociables de Paris »,
lequel agréait des teneurs de marché mandatés par les sociétés de
bourse. En Europe, de tels marchés existaient déjà : les Pays-Bas en
avaient créé un dès 1978, l'European Options Exchange (EOE), et le
Royaume-Uni en 1982, avec le Liffe (London International Financial Futures
Exchanges). Mais, le Matif s'imposa face à ces concurrents européens en
assurant aux intervenants une couverture contre les fluctuations des taux
d'intérêt à long terme et il contribua à la diffusion des obligations de
l'État français par le contrat dit « notionnel », dont le nom venait du fait
qu'il s'agissait d'« un contrat à terme sur une obligation de l'État français
qui n'existe pas »49. En 1993, une spécialiste observait que le volume de
transaction sur ce marché avait, « certaines années, dépassé celui du
Liffe », la concurrence entre les deux marchés étant alors « très vive »50.

C. Des agents de change aux sociétés de bourse
En créant la Cotation Assistée en Continu (CAC), en 1986, la Bourse
de Paris procéda à l'informatisation des transactions (transmission,
négociation et diffusion des ordres) portant sur les actions et les
obligations, système qui fut ensuite étendu aux valeurs du Monep au cours
de l'année 1995 (cf. infra). Cette réforme, qui aboutit à la fin de la criée au
palais Brongniart, devait permettre de répondre aux exigences du marché
financier français, qui avait été dynamisé par le programme de
privatisation de vingt-deux entreprises, qui se déroula entre 1986 et 1988
(cf. infra).
Cependant, la Bourse française dut faire face aux effets du krach
d'octobre 1987 (cf. supra). Dans son étude précitée, M. Feiertag51 rapporte le
49. BENSAID B. et BOUTILLIER M., « Les propriétés du contrat "notionnel" du Matif sur la décennie
1986-1996 », Bulletin de la Banque de France, août 1998, nº 56, p. 73-88.
50. LUBOCHINSKY C., « Marchés de produits dérivés : évolution et analyse économique », Revue
d'économie financière, 1993, nº 24, p. 43-58.
51. FEIERTAG O., « Les banques centrales et les États dans la crise de change... », op. cit.,
p. 627.

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