Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 149

Les États face à la crise des marchés financiers libéralisés

allemande, Deutsche Bank (cf. infra), s'est vu exiger 14 Md$ du fait de son
comportement sur le marché de subprimes. Les États-Unis auraient ainsi
perçu 97 % de la totalité des sommes exigées de banques en guise de
pénalités depuis 2007, alors que les États européens ont fait preuve de plus
de mansuétude à l'égard de leurs propres établissements financiers...

2. Le bilan des interventions des États européens
En Europe, concernant les aides publiques accordées aux banques, les
réponses nationales furent, principalement, de deux ordres :
- Des États apportèrent sur certains actifs une garantie publique dont
l'encours s'éleva jusqu'à 835,8 Md€ en 2009 (7,1 % du PIB 2012 de l'UE),
avant d'être réduit à 492,3 Md€ en 2012 (3,8 % du PIB 2012 de l'UE),
sachant que les garanties de passifs bancaires par l'État irlandais
s'élevèrent jusqu'à 173,8 % du PIB du pays en 2009 ;
- Des États renforcèrent « les fonds propres des banques en achetant
des actions ou des obligations bancaires », comme ce fut le cas au
« Royaume-Uni (82 Mds€), en Allemagne (64 Mds€), en Irlande (63 Mds€) et
en Espagne (60 Mds€) »24.
Concernant la répression des comportements illicites des
établissements financiers qui ont contribué à la survenue de la crise, la
Commission européenne infligea des amendes d'un montant de 1,49 Md€
aux banques ayant participé à des cartels dans le secteur des produits
dérivés de taux d'intérêt, mais elle n'est pas intervenue dans le domaine
des « subprimes », car la Commission ne peut sanctionner que les
atteintes au droit communautaire, les compétences de supervision
prudentielle appartenant aux États membres et, depuis 2014 (cf. infra), à la
Banque centrale européenne pour la zone euro.
On peut noter que l'origine des crises bancaires en Europe est parfois
antérieure à la faillite le 15 septembre 2008 de la banque américaine
Lehman Brothers. Ainsi, au Royaume-Uni, le 14 septembre 2007, l'annonce
par la Banque d'Angleterre de l'octroi d'un prêt d'urgence, garanti par l'État,
à la cinquième banque anglaise, Northern Rock, provoqua le « premier
bank-run25 sur une banque anglaise depuis 1866 »26, et poussa le
gouvernement britannique à nationaliser cet établissement le
17 février 2008, avant que « la quasi-totalité des grandes banques
britanniques » ne bénéficiât « de mesures de recapitalisation publique »27.
Selon certains analystes, les interventions publiques ne devaient pas se
traduire par des pertes considérables. Par exemple, si la cession
24. ANTONIN C. et TOUZÉ V., « Europe bancaire : l'Union fait-elle la force ? », Revue de l'OFCE,
2014, nº 136, p. 1-13.
25. Ruée des déposants aux guichets (note R.P.).
26. ROCHET J.-C., « Le futur de la réglementation bancaire », Notes de la TSE, déc. 2008, nº 2,
en ligne.
27. NAHMIAS L., « Les banques britanniques trois ans après la crise financière », BNP, fév.
2011, en ligne.

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