Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 97

Les politiques anglo-saxonnes de libéralisation des marchés financiers

de Toronto, le Computer Assisted Trading System dit CATS, « mis en place en
1977, [qui] servit de modèle à la plupart des systèmes de négociation
électroniques actuels »29 et notamment celui de la Bourse de Londres,
laquelle connut en 1986 une réforme dont l'ampleur explique qu'on l'appela
alors le « Big Bang ». Ainsi, après avoir entrepris une vigoureuse politique de
libéralisation économique, le nouveau premier ministre britannique, Margaret
Thatcher, arrivée au pouvoir en 1979, remit en cause les réglementations qui
encadraient les marchés financiers britanniques et qui restreignaient
l'accès des investisseurs étrangers : « ces réformes induisirent un
mouvement sans précédent de fusions-acquisitions, de restructurations des
institutions bancaires britanniques, d'installation de banques américaines et
continentales sur la place londonienne », au point qu'« entre 1985 et 1987,
sur l'ensemble des secteurs économiques, 2 000 sociétés britanniques
furent rachetées pour un montant de 38 milliards de livres sterling »30.
Concernant la City, dans un premier temps, en 1986, « l'accès au métier
de contrepartie fut libéralisé, l'impôt de bourse réduit et le système de
transaction modifié »31, de sorte que les transactions n'eurent plus lieu sur
le parquet mais furent désormais négociées au téléphone, et un système de
cotation électronique fut installé. Et, parce que la Bourse de Paris alla plus
loin encore (cf. infra), celle de Londres réagit en 1997 en installant un
système d'ordre similaire, le Stock Exchange Trading System (SETS).
Depuis lors, les ordres d'achat et de vente des traders « sont distribués et
exécutés contre la meilleure contrepartie par un algorithme », lequel
« classe et exécute les ordres arrivés selon un procédé d'enchère et en
accord avec un ensemble de priorités »32.
Aux États-Unis, « le gendarme de la Bourse », la Securities and Exchange
Commission (SEC, cf. première partie) promulgua, en 2005, la Regulation
National Market System (NMS) qui consacra le principe de libre
concurrence sur les marchés d'actions. Cette loi entra complètement en
vigueur à l'été 2007, à peu près au même moment que la Markets in
Financial Instruments Directive (MIFID, cf. infra) dans les pays européens,
législation qui s'était « largement inspirée d'évolutions qui avaient vu le
jour aux États-Unis avant de se développer en Europe »33 (cf. infra II).
29. MADHAVAN A., PORTER D. et WEAVER D., « Les marchés de titres devraient-ils être
transparents ? », Banque du Canada, 2010, en ligne.
30. BENSAFTA K. M., Eléments de la défiance britannique vis-à-vis de l'Euro et de l'UEM : rôle des
facteurs monétaires, Thèse d'économie, Université de Tours, 2011, p. 145.
31. BIAIS B., « La consolidation des marchés financiers européens » in HAMON J., JACQUILLAT B. et
SAINT-ÉTIENNE C. (dir.), Consolidation mondiale des bourses, CAE, 2007, La Documentation
française, p. 97.
32. MUNIESA F., « Un robot walrasien. Cotation électronique et justesse de la découverte des
prix », revue Politix, 2000, nº 52, vol. 13, p. 121-154.
33. DOUMAYROU B., « Entre concurrence et efficience : l'impact de la directive MIF sur la
liquidité des marchés actions reste difficile à anticiper », Bulletin de la Banque
de France, janvier 2008, nº 169, p. 49-60 (nous modifions le temps des verbes, R.P.).

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