Manuels - Introduction historique au droit (XIIIe-XXe siècle) - 4e - 111

Les droits savants et les universités l'activité économique assurera quelque prospérité dans les villes méridionales, que des formes nouvelles de culture intellectuelle apparaîtront. 107. La naissance des universités. - Une survie du savoir trouve refuge pendant la période trouble qui suit le bref éclat des Carolingiens dans quelques monastères bénédictins. À l'abri précaire de leurs murailles, des esprits curieux maintenaient le flambeau. L'Église, pour le ministère, avait besoin de clercs instruits. Monastères et cloîtres épiscopaux offraient des lieux d'étude, les écoles monastiques ou épiscopales. Le cadre de ce renouveau reste donc ecclésiastique par ses lieux (dans les villes, leurs faubourgs ou les campagnes), mais aussi par ceux qui l'animent (les Maîtres) ou ceux qui en profitent (clercs ou futurs clercs). Des maîtres de renom attirent en certains lieux, assurant ainsi un succès parfois bref à quelques écoles dès le dernier quart du Xe siècle54. Quelque soixante écoles épiscopales sont connues pour la France du XIe siècle. Au début du XIIe, quatre foyers l'emportent : Chartres, Laon, Paris et Reims. Bientôt, Paris se détache55. Ce phénomène n'est pas un monopole de la France. Dès l'époque lombarde, Ravenne, puis Pavie, la capitale des rois lombards, avaient été des centres d'études. Des écoles apparaissent en Belgique (Liège), en Rhénanie (Cologne, Mayence, Worms), à Londres, etc. L'essor des écoles ecclésiastiques est un fait urbain lié, pour partie au moins, à la renaissance des villes. Les écoles monastiques, en grande majorité rurales (comme beaucoup de monastères bénédictins parmi les plus grands), qui ont connu leur apogée à la fin du Xe et au début du XIe siècle, sont, au contraire, à quelques exceptions près (par exemple Le Bec avec Lanfranc) plutôt en régression. L'enseignement est essentiellement ecclésiastique. Seigneurs et villes y restent indifférents, ne voyant pas l'intérêt pour leur administration, encore très précaire, de disposer d'un personnel instruit, ni les profits que lui apporterait une nouvelle population de maîtres et d'écoliers. Cet enseignement reste très ouvert. Aucune législation scolaire ne fixe matières, plan, méthodes, durée des études. Il s'adresse à un public d'âge et d'origine divers. Ce sont surtout des clercs, moines ou séculiers, qui se préparent, à des niveaux différents, au ministère ecclésiastique, service paroissial, curie épiscopale, tribunaux d'Église et parfois, à leur tour, fonction d'enseignement. À côté d'eux, moins nombreux, des laïcs, surtout parmi les princes et les grands. Mais ceuxci ont souvent des pédagogues privés et le « noble », sauf s'il ambitionne l'épiscopat, revient plus volontiers au métier des armes. Les moines qui vivent dans les villes d'étude sont en général accueillis dans une maison de leur ordre. Clercs séculiers ou laïcs peu fortunés doivent trouver quelque appui. Des évêques, des bourgeois aisés, assurent les besoins d'écoliers pauvres. L'enseignement a pour base le commentaire de livres lus et 54. À Reims avec Gerbert d'Aurillac, futur pape Silvestre II, écolâtre vers 972, archevêque de Reims en 981 ; à Chartres avec Fulbert, évêque au début du XIe siècle (1042-1048). Autres centres d'études, moins célèbres, à Angers, Fleury-sur-Loire, Orléans, etc. 55. Avec plusieurs écoles : Notre-Dame, Sainte Geneviève, Saint Victor, Saint Marcel ; pluralité d'écoles également à Angers, Liège, Cologne, etc. 111

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