Anthologie du droit - Méthode d'interprétation et sources en droit privé positif - Tome 2 - 173

LE COMBAT POuR LA MÉTHODE EN FRANCE ET EN BELGIQuE

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appliqués à rechercher et développer certains éléments spéciaux, dont ils pussent
mieux apprécier la valeur et circonscrire la portée, de façon à influer, plus
consciemment et plus vigoureusement, par ce point nettement déterminé, sur une
direction importante de l'organisation juridique. On conçoit aisément, d'ailleurs,
que l'intensité des efforts, poussés en ce sens, et leur rendement, restent fort
variables, suivant la consistance et les qualités des éléments qu'ils mettent en
œuvre. Il faut, donc, passer en revue les nouveaux fils, dont on a songé à corser la
trame du droit positif contemporain, pour éprouver la résistance de chacun d'eux,
et entrevoir l'avantage qu'on s'en peut promettre.
a) J'ose à peine signaler, parmi les éléments, récemment proposés à l'effet
d'améliorer l'intelligence et l'application du droit, une considération constante du
concret et un contact étroit avec la pratique61. Assurément, il y aura, de ce fait,
une prise de possession, plus ferme et plus pleine, des problèmes juridiques, susceptible d'en accentuer la pénétration et d'en faciliter ou assurer la solution. Mais,
il serait quelque peu singulier, de tenir pour grande découverte cette observation
d'une naïve évidence. Tout au plus, peut-on penser que l'innovation, non encore
réalisée d'ailleurs, consisterait à donner à l'observation et à l'expérience un rôle
plus grand dans l'enseignement.  Il s'agirait d'un avantage pédagogique, plutôt
que d'un progrès dans l'interprétation proprement dite du droit. Quant à celle-ci,
s'il est certain qu'elle procède avec plus de sûreté, quand elle se rapproche davantage des circonstances donnant naissance aux règles, elle ne saurait prétendre
faire surgir ces règles mêmes de la considération des faits, sans l'intervention
d'une direction située en dehors et au-dessus d'eux.
b) Pareille direction ne pourrait-elle être cherchée, dans la partie, la plus
vivante et la plus féconde, de la science philosophique, la psychologie ? - Il est
certain que le droit, comme tontes les disciplines morales et normatives, emprunte
ses principes fondamentaux à la psychologie62, et que celle-ci, découvrant les
mobiles et les enchaînements des actions des hommes, qui suscitent la plupart des
problèmes juridiques, éclaire singulièrement ces problèmes et en facilite notablement la solution. - Mais, on ne peut dire qu'elle fournisse jamais, à elle seule, la
règle proprement dite, qui demeure pourtant l'objet propre de la recherche du
jurisconsulte. D'autre part, les considérations psychologiques générales, ouvrant
les directions les plus sûres, demeurent trop au-dessus des menus intérêts, qui
forment le tout de la vie juridique courante, pour apporter à leurs conflits des
éléments précis d'apaisement. - Et, en tout cas, ce qu'il faut constater, c'est que
la seule théorie psychologique du droit, présentée ex professo jusqu'ici, celle de
L. von Petrazycki63, reste si profondément abstruse, si parfaitement incapable de
61. Voy. surtout : P. Appleton, La méthode juridique et le rôle de la pratique dans l'enseignement (Discours à la Conférence du stage des Avocats au Conseil d'État et à la Cour de cassation),
Paris, 1911. - Adde : F.  Cattier, Les vices de l'enseignement du droit en Belgique, dans Revue de
l'Université de Bruxelles, 1909-1910, t.  XV, passim, notamment p.  17-26. - (Impressions d'un
français étudiant en droit en Allemagne), dans Revue internationale de l'enseignement, 1911-2°,
t.  LXII, p.  505-507. - H.  Rolin, Prolégomènes à la science du droit.  Esquisse d'une sociologie
juridique, Bruxelles et Paris, 1911, p. 162-167.
62. Voy., par exemple : H. Rolin, Prolégomènes à la science du droit. Esquisse d'une sociologie
juridique, Bruxelles et Paris, 1911, passim, notamment : p.  4, p.  6-9 (Avant-propos) ; p.  11-21 (Le
schéma psychologique du droit). - Adde P. de Tourtoulon, Les principes philosophiques de l'histoire
du droit, Lausanne et Paris, Payot, 1908-1919, Livre II, chap. V-VII. p. 174-331.
63. Vulgarisée en France par : A. Grouker, Une théorie psychologique du droit, dans Revue trimestrielle de droit civil, 1911, t.  X, p.  531-579. - Adde. sur la politique civile, de Petrazycki,
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