Anthologie du droit - Méthode d'interprétation et sources en droit privé positif - Tome 2 - 254

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MÉTHODE D'INTERPRÉTATION ET SOURCES EN DROIT PRIVÉ POSITIF

rester, avant tout, le serviteur de la loi223. - Et, une conclusion analogue devait
ressortir d'autres observations, également suggérées, par le livre de M. Rumpf, à
un magistrat allemand, Schneider224.
Enfin, la réaction se manifestait aussi, dans certains manuels devenus classiques. - H. Dernburg a consacré la préface, de la troisième édition, de son livre,
sur « le droit civil de l'Empire allemand et de la Prusse », datant du 3 août 1906, à
exprimer son sentiment sur la « jurisprudence libre ». Il joint sa protestation à
celles de Bülow et d'unger, au nom des principes du droit public allemand et de
la constitution de l'Empire. Il fait, pourtant, une réserve touchant l'usage des
travaux préparatoires. Et, il admet qu'il faut interpréter le droit allemand récent,
suivant son but et les besoins économiques225. - Dans un ouvrage, plus récent
encore, et qui paraît appelé à un succès sérieux dans les cercles intéressés (enseignement universitaire et pratique judiciaire) de l'Allemagne, A. von Tuhr, signale,
dès sa préface, le mouvement du « libre droit », et, reconnaissant que sa grande
force réside dans son côté critique, en repousse les conclusions positives, comme
ouvrant la porte au subjectivisme, déclare qu'une application trop rigide de la loi
vaut encore mieux qu'un idéal inaccessible, et considère qu'il s'agit aussi de
défendre la recherche dogmatique du droit et sa technique propre, que la nouvelle
méthode tend à compromette226.
On comprend, sans peine, ces résistances, de la part des jurisconsultes, qui
voyaient si violemment battre en brèche l'idéal juridique, rigide et ferme, dans le
culte duquel ils avaient été formés227. - Mais, il faut avouer que la discussion,
qu'ils y opposent, apparaît, quand on l'examine de près, singulièrement faible, et
se réduit, le plus souvent, à des affirmations et à des exclamations. Assurément, il
était aisé, de s'élever contre certaines assertions téméraires, par lesquelles les partisans du « libre droit » semblaient vouloir contredire parfois une loi formellement existante228. Ces assertions n'étaient pas défendables, et compromettaient
gravement la cause, qu'elles prétendaient traduire. Aussi bien, pouvaient-elles être
abandonnées, sans que fût tranché le problème à résoudre. - Car le nœud du
débat restait essentiellement celui-ci : Étant admises l'impuissance de la loi à
contenir toutes les solutions nécessaires et l'existence de lacunes que ne pouvait
combler une logique, de sa nature, improductive, - ce que tout le monde avait
finalement reconnu229, - comment subvenir aux besoins de la vie juridique, sinon
223. Hölder (c. r. de Rumpf, Gesetz und Richter), dans Deutsche Juristen-Zeitung, 1907, t. XII,
p. 249-250.
224. Schneider, Oberlandesgerichtsrat in Stettin (Gesetz and Richter), dans D. J.-Z., 1908,
t. XIII, p. 569-572. - Adde Schneider (Die deutsche Rechtsentwicklung im Jahre 1909), dans Deutsche
Juristen-Zeitung, 1910, t. XV. p. 845-846.
225. H. Dernburg, Das bürgerliche Recht des deutschen Reichs und Preuszens, 3 A, t. I, Halle,
1906, Vorwort zur dritten Anflage, p. V-VII. - Voy., sur cet ouvrage, le compte rendu de v. Tuhr, dans
Deutsche Juristen-Zeitung, 1907, t. XII, p. 77 ; et, sur l'attitude de Dernburg, dans la question de la
« freie Rechtsfindung » : O.  Gierke (Heinrich Dernburg. Ein Gedenkblatt), dans Deutsche Juristen-Zeitung, 1907, t. XII, p. 1341-1342.
226. Andréas von Tuhr, Der allgemeine Teil des deutschen bürgerlichen Rechts, Erster Band.
Leipzig, Duncker u. Humblot, 1910, p. IX-X1II (Vorwort).
227. Voy., encore, P. Œrtmann, Gesetzeszwang and Richterfreiheit, Rede, Leipzig, Deichert, 1909.
228. Voy, par ex., Gn. Flavius (H. u. Kantorowicx), Der Kampf um die Rechtswissenschaft,
1906, p. 40-41. - D'ailleurs, cet auteur s'est vivement défendu d'avoir admis la création libre du droit
contra legem. Voy. H. u. Kantorowicx, Die Contra-legem Fabel, dans Deutsche Richterzeitung, no du
15 avril 1911, t. III, p. 258-263.
229. Voy. ci-dessus : t. II, p. 360-364 (nos 212-213).
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