Contextes - Le travail dans son droit - 83

LE DRoIT DU TRAVAIL

Encadré 12
Jean Brèthe de La Gressaye (1895-1990), professeur de droit
Jean Brèthe de La Gressaye est né à Bordeaux le 27 août 1895 dans une
famille de noblesse de robe et d'un père directeur du journal Le moniteur
agricole. Il mène ses études de droit à Bordeaux et obtient son doctorat en
1921. En 1922, il est assistant à la faculté de droit de Paris, puis chargé de
cours à la faculté de droit d'Aix-en-Provence. Il devient en 1926 agrégé
de droit privé à Aix et est titularisé sur une chaire de droit civil, avant de
retourner à Bordeaux en 1938, où il professe jusqu'à son départ en retraite.
Tout au long de ces années, il enseigne le droit civil, la législation industrielle
et la législation coloniale.
Fervent catholique, il est membre d'associations de jeunesse catholique
et préside le Secours catholique en 1936. Il participe très régulièrement aux
réunions annuelles des Semaines sociales, qu'il préside d'ailleurs au milieu
des années 1930 et lors desquelles il défend l'organisation professionnelle
corporatiste. En 1935, il professe ainsi lors des Semaines sociales un cours
sur « L'exercice de l'autorité dans la profession ». En 1937, il rédige pour
le 2e Congrès de politique sociale un rapport sur « La Liberté syndicale et
les organisations professionnelles ». Pendant la période de Vichy, il est très
actif dans la promotion du mouvement corporatif et écrit des ouvrages
d'analyse de la Charte du travail (dont un en 1944). Il poursuit ensuite ses
enseignements et ses travaux autour des conventions collectives ou encore
du droit professionnel, bref toujours dans la perspective d'un droit du
travail collectivement régulé.

Mais c'est bien Paul Durand qui est la figure tutélaire du droit du travail
dans cette période, à travers sa direction de la revue Droit social, mais aussi
par son Traité et ses nombreux écrits. Il est jusqu'à sa mort un véritable
promoteur du droit du travail académique, défendant à la fois une perspective individualiste respectueuse du Code civil et une vision collective
du droit du travail. Il ne s'agit bien entendu pas du tout de défendre un
contrôle ouvrier, mais bien au contraire une forme de régulation autonome,
centrée sur l'échange entre les « personnalités collectives » que sont les
syndicats, les mouvements patronaux, les ordres professionnels, etc. Ce
droit du travail qui s'élabore sous cette forme est un mixte entre protection
individuelle des salariés venue de l'État et régulation par des acteurs collectifs. Conforme au positionnement idéologique de Paul Durand, qui est
selon les termes de Jean-Pierre Le Crom un « vigoureux détracteur à la fois
du libéralisme et du communisme », ce droit du travail est aussi consonant,
nous l'avons vu, avec les politiques du travail dans les années 1950 et 1960.

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