Protéger les lanceurs d'alerte des finalités qui lui sont propres. L'adoption de dispositions protectrices des lanceurs d'alerte dans le domaine des risques sanitaires et environnementaux dont on vient de retracer l'histoire - ouverte par l'arrêt du 11 octobre 2000 et aboutissant à la loi du 16 avril 2013 - voisine avec deux autres lignes de développement d'une législation en matière d'alerte. Pourtant, l'alerte sur les risques sanitaires et environnementaux a rapidement été considérée comme constituant un cas d'alerte parmi d'autres, gommant ainsi l'idiosyncrasie propre à chacune de ces voies de développement. À son échelle, la doctrine juridique a contribué à cette indifférenciation en traitant chaque nouvelle prérogative d'alerte comme une illustration de plus d'une catégorie générique de lanceur d'alerte et en assimilant la protection des lanceurs d'alerte avec les prérogatives d'alerte des institutions représentatives du personnel. Ce traitement des hypothèses d'alerte - joint à la grande dispersion de leur traitement juridique - a favorisé l'adoption en 2016 d'un texte visant à unifier la notion juridique de lanceur d'alerte. Le développement d'une législation protectrice des lanceurs d'alerte Le développement d'une législation protectrice des lanceurs d'alerte sur les risques traduisait, on l'a dit, la volonté d'éviter des atteintes à la santé et à l'environnement, en favorisant l'identification de signes d'alerte et leur traitement en temps utile. Mais la législation française consacrée à l'alerte a connu deux autres voies de développement, appuyées sur des objectifs très différents : assurer l'effectivité du droit européen de l'égalité de traitement et favoriser la dénonciation des faits de corruption, et plus largement des infractions pénales. L'effectivité du droit européen de l'égalité de traitement Les premières protections reconnues par le droit français aux salariés lanceurs d'alerte puisent dans le droit de l'Union européenne. À partir du milieu des années 1970, plusieurs directives relatives à l'égalité de traitement et à la lutte contre les discriminations ont 50