Contextes - Pratique(s) et enseignement du droit - 111

LeS ÉtuDeS De DROIt

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des affaires interrogent davantage. La gratuité en droit des affaires suscite
quelques réticences, tout comme l'exigence d'expertise particulière ou
l'impératif de confidentialité. Voilà une autre réalité économique...
Le grief suivant adressé de façon récurrente par les praticiens à la faculté
est le constat, interprété comme un échec, du décalage entre la théorie et
la pratique.

2. Le décalage entre la théorie et la pratique
La différence entre Law in Books and Law in Action30 est ancienne et
universelle. Il existe - on peut difficilement le nier - un décalage entre la
théorie et la pratique. Ce décalage, dont les degrés sont différents selon
les métiers et les disciplines, est vivement ressenti par les jeunes diplômés
souvent perdus lors des premiers mois, voire les premières années de leur
activité et par leurs employeurs irrités (et oublieux de leurs propres débuts).
Ils reprochent à l'université de ne pas avoir enseigné le droit « réel », mais un
droit trop abstrait et déconnecté de sa pratique et des réalités économiques
(par exemple, impératifs de coûts, de rationalité, d'efficacité). encore une
fois, il faut commencer par dissiper un malentendu car ce décalage n'est
pas provoqué par l'enseignement du droit mais bien par sa mise en œuvre.
L'université n'en est pas, à proprement parler, responsable. en revanche,
on peut à juste titre lui reprocher de ne pas s'y intéresser suffisamment.
en effet, il faut admettre que l'étude des pratiques est insuffisante dans
les facultés de droit, si l'on met de côté la pratique jurisprudentielle31.
Les pratiques administratives, les pratiques des professions libérales...,
souvent conditionnées par des réalités économiques, sont, la plupart du
temps, occultées. Dans son ouvrage récent32, Rémy Libchaber donne, entre
autres, l'exemple du phénomène consistant pour de nombreux avocats
d'affaires à transposer un modèle étranger en le présentant comme une
pratique du droit français (par exemple, en matière de financement ou de
restructuration d'entreprises33). Le même phénomène se retrouve dans les
montages contractuels (contract management34), dans l'ingénierie sociétaire

30. R. Pound, Law in Books and Law in Action, 44 Am. L. Rev. 12 (1910).
31. R. Libchaber, L'ordre juridique et le discours du droit, Essai sur les limites de la
connaissance du droit, Paris, LGDJ, 2013, n° 279 s. ; P. Deumier, Introduction générale au
droit, Paris, LGDJ, 2011, n° 391 s.
32. R. Libchaber, L'ordre juridique et le discours du droit, op. cit., n° 279 s.
33. V. N. Molfessis (dir.), « Les pratiques juridiques, source du droit des affaires », LPA,
27 nov. 2003.
34. G. Leveau, « Le contrat management : l'envol d'une activité à forte valeur ajoutée »,
JCP e 2015, p. 88.
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