Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 81

La professionnalisation inaboutie du lobbying

évidence le pouvoir des lobbyistes, cet ouvrage jette une lumière cruelle sur
les carences de nos sociétés. Celles d'hommes politiques aisément
détournés de l'intérêt général, mais aussi celles d'une opinion publique mal
informée (voire désinformée) et donc facilement égarée ».
J. Stauber, S. Rampton, L'industrie du mensonge : lobbying, communication,
publicité &médias, Agone, 2004, p. 9-10.

Alors que la défiance des citoyens à l'égard des institutions et des
gouvernants jugés corrompus44 a rarement été aussi grande et que
l'influence des intérêts particuliers dans les affaires publiques est
jugée excessive45, souvent contre-productive et dans certains cas
désastreuse, gommer « l'étiquette infamante » associée au terme
lobby46, justifier le lobbying en le dissociant de pratiques stigmatisées
et le peindre en métier respectable sont autant de défis bien plus
difficiles à relever que de jeter sur lui l'anathème.

B. Les vertus démocratiques du lobbying bien compris
Le développement du lobbying s'est accompagné d'un intense
travail de justification. Les lobbyistes eux-mêmes et leurs organisations
professionnelles - Association professionnelle des responsables de
Relations avec les pouvoirs publics (ARPP) créée en 1985,
Association française des conseils en lobbying (AFCL), fondée en
1991, Association des avocats lobbyistes (AAL), créée en 2011,
Syndicat Syntec Conseil en relations publics créé en 1988 - sont les
principaux producteurs de ces argumentaires, intéressés qu'ils sont
par l'élargissement du marché de postes qui leur est ouvert et à
l'accroissement du volume des dépenses réalisées sur le marché
des services de lobbying47.
44. Selon un Sondage Harris Interactive pour Transparency International France et le cabinet
Tilder sur les priorités des Français dans la lutte contre la corruption, publié le
20 octobre 2016, 54 % des Français pensent que « les personnes exerçant des
responsabilités importantes ou ayant du pouvoir sont pour une grande partie d'entre
elles corrompues », les plus corrompus sont à leurs yeux les parlementaires nationaux
(77 %) suivis des députés européens (76 %) et du pouvoir exécutif national (72 %). Les
syndicalistes (64 %) et les journalistes (58 %) ne sont pas moins frappés par cette
défiance. Trois mesures sont préconisées pour lutter contre la corruption : limiter le
cumul des mandats (84 %), encadrer le financement de la vie politique (82 %) et celui du
lobbying (79 %).
45. Transparency International, Lobbying en Europe. Influence cachée, accès privilégié, 2015,
résumé, p. 5.
46. M. OFFERLÉ, Sociologie des groupes, op. cit., p. 26-27.
47. Sur la façon dont ont été construits les marchés de la communication et s'est
professionnalisée la communication politique : Y. POIRMEUR, « Marché de la communication

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