Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 87

La professionnalisation inaboutie du lobbying

Si bien des entrepreneurs de transparence sont prêts à les lui
reconnaître - comme Transparency international -, c'est cependant à
la condition que soient éradiqués les « accès privilégiés et les influences
cachées »69 et que « son usage soit rendu clair et transparent »70.
Les deux faces du lobbying
« Lorsque son usage est rendu clair et transparent, il peut contribuer à
apporter aux décideurs publics des éléments d'information et de
compréhension sur des questions toujours plus complexes. Cela est
d'autant plus vrai dans un contexte d'inflation législative avec des lois
souvent élaborées dans l'urgence. A contrario, un lobbying non régulé
peut entraîner des abus, dont il peut résulter des décisions répondant plus
à des intérêts particuliers privés qu'à l'intérêt général, des coûts indus pour
la collectivité et une altération grave de la confiance des citoyens envers
leurs élus et leurs institutions. L'affaire du Médiator est, par exemple,
révélatrice des graves conséquences que peuvent avoir un lobbying exercé
pour des intérêts contraires à l'intérêt général et une expertise non
indépendante du fait d'experts en situations de conflits d'intérêts ».
Transparency International France, Transparence et intégrité du lobbying,
un enjeu de démocratie, 2014, p. 4.

Pour le légitimer, ses défenseurs s'attachent donc dans un second
temps, à démontrer que « ses méthodes n'ont rien de répréhensible »71,
qu'il n'empiète en rien sur les prérogatives du décideur et qu'il s'exerce
conformément aux principes démocratiques de transparence et
d'égalité qu'il lui est reproché de contourner. Pour ce faire, ils
distinguent un lobbying bien compris72 ou dans le bon sens du terme
que revendiquent les professionnels73 et rejettent hors du champ du
lobbying légitime tout ce qui le connote négativement. Les chartes de

69. Transparency International, Lobbying en Europe, op. cit.
70. Transparency International France, Transparence et intégrité du lobbying, un enjeu de
démocratie, 2014, p. 4.
71. B. LE GRELLE, op. cit., p. 13.
72. J.-P. CHARIÉ, rapport cité, p. 11 : le lobbying bien compris, ce n'est pas : « décrocher un
marché », « faire du "trafic d'influence", ni obtenir des "faveurs", des "privilèges".
Certaines pratiques condamnables, et condamnées par le droit pénal, n'ont rien à voir
avec le lobbying ».
73. Sur cette revendication par les permanents spécialisés ou les dirigeants d'organisations :
M. OFFERLÉ, Les Patrons..., op. cit., p. 305. En fait partie la fourniture « des rédactions
d'articles de loi clé en main à des parlementaires qui ne sont pas au fait des questions
juridiques soulevées ». Cette pratique est cependant pour le moins contestable et
classiquement dénoncée comme la manifestation une instrumentalisation des politiques
par les lobbies : E. CASALEGNO, K. LASKE, op. cit., p. 21 : « un ministre sous la dictée ».

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