Contextes - Le formalisme - 178

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L'ENTREPRISE

publication en 1675 du Parfait négociant par Savary, principal inspirateur
de la codification commerciale30. Si Irson peut se prévaloir de l'autorité
du contrôleur général des finances et que Savary a lui-même donné son
nom à l'ordonnance du commerce, d'autres auteurs cherchent à offrir un
guide permettant aux commerçants de se mettre en conformité avec les
exigences législatives, assurant en cela la « prépondérance de l'école française » en matière comptable à la fin de l'époque moderne31. C'est dans
ce contexte que paraît, quelques années plus tard, « le traité comptable
de référence durant tout le xviiie siècle »32 : La science des négociants et
teneurs de livres de Mathieu de La Porte (v. 1660-ap. 1730)33. Lui aussi
inscrit immédiatement son ouvrage dans le cadre de l'édit de 1673, qui
constitue l'essentiel de sa préface34.
La Porte précise ainsi que « le livre principal et le plus nécessaire que
l'article I de l'ordonnance prescrit aux négocians de tenir, est celui qu'on
nomme le Journal »35. L'avis est partagé par Savary dans ses parères36.
Jousse (1704-1781) en fait de même et ajoute que « suivant cette disposition de l'ordonnance, les marchands, négociants et banquiers ne sont

30. « Dès lors les maladresses et les obscurités du texte de l'édit de 1673 ont amené et
même contraint Jacques Savary à écrire un volumineux ouvrage sur le commerce, Le Parfait
Négociant paru en 1675 ; il s'efforçait à la fois de transmettre son expérience commerciale
dans son ensemble et d'y expliciter les dispositions de la nouvelle législation qui avaient
prêté à interprétations diverses », (Hilaire J., « Savary (Jacques) », loc. cit., p. 918).
31. Degos J.-G., Histoire de la comptabilité, op. cit., p. 79.
32. Lemarchand Y., « Jacques Savary et Mathieu de La Porte... », loc. cit., p. 29.
33. La première édition paraît à Paris chez G. Cavelier. en 1704 ; les références présentées
ici sont extraites d'une édition ultérieure : La Porte M. de, La Science des négocians et
teneurs de livres, ou Instruction générale pour tout ce qui se pratique dans les comptoirs des
négocians..., 1782, Rouen, P. Machuel et J. Racine.
34. Le passage est intitulé « Que les négocians sont obligés de tenir les livres de leur
commerce » et débute ainsi : « Le plus essentiel de ces écritures qui se font chez les négocians,
est celle des livres de compte, que ceux qui font quelque commerce sont obligés de tenir,
tant par l'intérêt qu'ils ont d'avoir en tout tems une entière connoissance de leurs affaires,
que parce que les loix les y contraignent, et en prescrivent même la forme et l'ordre », ibid.,
p. VII-VIII.
35. Ibid., p. X.
36. À la question de savoir si un marchand, prénommé Mathieu, est obligé de tenir des
livres, il répond : « Que Mathieu était indispensablement obligé de tenir des livres, et particulièrement un livre journal, contenant tout son négoce, c'est-à-dire toutes les marchandises
qu'il achetait et vendait à crédit, l'argent qu'il recevait et payait, et de faire mention sur ledit
livre journal des billets, promesses et lettres de change, quittances et récépissés qu'il donnait
ou recevait, et généralement toutes ses affaires, cela étant conforme à l'article 1er du titre III
de l'ordonnance du mois de mars 1673. (...) En effet, il est impossible qu'un marchand
puisse faire le commerce de marchandises sans avoir de livres, du moins un journal, pour
une infinité de raisons que tout le monde sait », Savary J., Le Parfait négociant..., op. cit.,
t. II, p. 1639-1640 [222-223].

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