Censures épisodiques Le reflux le plus durable de la liberté d'expression consista surtout dans la « guerre » menée dans les années 1830 par les États du Sud contre la distribution postale sur leurs territoires de publications abolitionnistes éditées dans le Nord. Des rassemblements pouvaient s'organiser devant des centres postaux afin d'obtenir la destruction de ce type d'acheminement. L'hostilité à ces feuillets pouvait encore prendre la forme d'autodafés. Alors que les abolitionnistes revendiquaient le droit de faire connaître leur opinion au plus grand nombre à travers ces publications et à travers leur acheminement postal, la littérature abolitionniste était perçue par beaucoup dans le Sud comme une incitation des esclaves à la révolte. Les abolitionnistes contestaient cette hantise en faisant valoir que leur prosélytisme s'adressait davantage aux Blancs puisque, quand bien même les esclaves en auraient-ils pris connaissance, ils n'étaient pas en situation de le lire, faute d'être instruits. Les comités de vigilance se multiplièrent d'autant plus dans le Sud que des lois y furent adoptées pour déclarer illicites les acheminements postaux de la littérature abolitionniste, celle-ci étant qualifiée par ces lois de menace pour l'ordre public et le droit de propriété. Ces comités de vigilance eurent recours à la violence, aussi bien en saisissant qu'en détruisant la littérature abolitionniste. Ce conflit politique était doublé d'un conflit juridique puisque les législations des États du Sud défiaient la législation fédérale qui interdisait pour sa part toute immixtion dans les correspondances postales 233