90 LE DISCERNEMENT EN DROIT PÉNAL 217. Cependant la solution inverse présente également des inconvénients. Il ne serait plus possible de punir une quelconque imprudence si la conscience matérielle suffisait à la faute. Celui qui s'endort au volant d'un véhicule automobile, si bien que le dommage accidentel survient alors qu'il sommeille, ne devrait pas être punissable. Pourtant, le législateur incrimine l'ivresse au volant et oblige tout conducteur à maîtriser la vitesse et la direction de son véhicule, ce qu'il n'est plus en mesure de faire s'il s'endort. Dès lors, la faute consiste justement à n'avoir pas anticipé la réalisation d'un dommage. 218. Définir le discernement comme une conscience matérielle soulève donc bien des contradictions. Il apparaît qu'en droit pénal, le discernement ne puisse correspondre ni à la conscience morale de l'individu, ni à sa conscience du monde environnant. Les difficultés posées par la définition du discernement expliquent sans doute que le législateur ne l'aborde que sous sa forme négative, à l'article 122-8 du Code pénal où il vise l'incapacité de discernement du mineur ; à l'article 122-1 du même code qui traite des troubles psychiques portant atteinte au discernement. L'analyse de l'inconscient individuel est peut-être plus porteuse que ne l'est celle de la conscience individuelle.