Hors collection - Droit(s) et Street Art - 186

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LE COLLECTIONNEUR

droit au respect de l'intégrité physique et de l'esprit de l'œuvre. Il est peu
probable que l'artiste octroie une telle autorisation à moins que cela ne
permette de « sauver » une œuvre posée sur un support qui aurait vocation
à être détruit. Toutefois, face à l'arrivée croissante sur le marché de leurs
travaux retirés de la rue, les artistes sont amenés à évoluer et à trouver des
solutions pour préserver à la fois leurs droits et respecter leur éthique. Une
solution originale a été adoptée par l'artiste Stik, qui en principe refuse
la vente des œuvres issues de la rue. Cependant, si la totalité du prix de
vente de l'œuvre revient à la communauté de personnes qui vit dans le
contexte initial de l'œuvre avant son déplacement, l'artiste peut accepter
de l'authentifier et même de la restaurer79. L'éventuel refus d'un artiste
vivant d'authentifier une de ses œuvres parce qu'elle a été enlevée de son
contexte urbain est susceptible de faire émerger des contentieux80. Une
fois cette difficulté tenant aux droits d'auteur levée, le collectionneur devra
également s'intéresser au propriétaire du support de l'œuvre.

2. Une nécessaire prise en compte du propriétaire du support
23. Avant d'envisager la faisabilité d'une action en revendication, il
convient d'identifier le propriétaire du support de l'œuvre. Il arrive que
l'artiste soit lui-même propriétaire du support de l'œuvre qu'il aura placée
dans la rue, par exemple des affiches. Tel est le cas des dessins en noir et
blanc des figures tragiques d'Ernest Pignon-Ernest qui sont placardés au
détour d'une rue ou bien dans le renfoncement d'une fenêtre condamnée.
Une immense affiche, qui avait été réalisée par Jacques Villeglé en parallèle
de la rétrospective que lui donnait le Centre Pompidou en 2009, fut volée
pendant la nuit. L'œuvre, aujourd'hui invendable, n'a jamais été retrouvée81.
L'artiste, s'il est effectivement le propriétaire de l'affiche82, pourrait en revendiquer la propriété.
79. Une œuvre peinte par Stik sur une antenne parabolique dans le quartier d'Hackney
a été vendue par une galerie avec l'accord de l'artiste et le produit de la vente a été versé à
une association caritative locale, condition sans laquelle l'artiste Stik n'aurait pas authentifié
l'œuvre (http://stik.org/fundraising).
80. Voir l'exemple du récent contentieux aux États-Unis impliquant l'artiste vivant Peter
Doig. Confronté au propriétaire d'une œuvre qui était prétendue de l'artiste écossais, Peter
Doig a dû apporter la preuve qu'il ne pouvait pas en être l'auteur. Le propriétaire de l'œuvre
a été finalement débouté de sa demande de 5 millions de dollars de dommages et intérêts ainsi
que de sa demande d'injonction de délivrance d'un certificat d'authenticité. « Quand Peter
Doig doit prouver à la justice qu'il n'est pas l'auteur d'une toile », Le Point, 10 août 2016,
www.lepoint.fr/arts/quand-peter-doig-doit-prouver-a-la-justice-qu-il-n-est-pas-l-auteurd-une-toile-10-08-2016-2060285_36.php.
81. P. Le Fur, Jacques Villeglé : l'art urbain s'affiche, 2011, Opus Délits, Critères éditions.
82. L'artiste était invité par le collectif M.U.R. (Modulable. Urbain. Réactif). Le collectif
avait peut-être fourni le support de l'œuvre.

http://www.stik.org/fundraising http://www.lepoint.fr/arts/quand-peter-doig-doit-prouver-a-la-justice-qu-il-n-est-pas-l-auteur

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