Chapitre 2 Une urgence : rétablir une cohérence institutionnelle Depuis 1791, la France recherche désespérément l'équilibre des pouvoirs, qui n'existe pas. Le comité « Balladur » de 2007 qui préconisa nombre de mesures reprises par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 devait élaborer des propositions sur « la modernisation et le rééquilibrage des institutions ». En fait, la notion d'équilibre est relative. Tous les régimes sont déséquilibrés ou le deviennent par le jeu des interprétations et des révisions constitutionnelles. Plutôt que de rechercher un idéal institutionnel utopique, mieux vaut se focaliser sur les réformes qui permettent aux acteurs politiques de contribuer efficacement aux politiques nationales et à la démocratie de s'exprimer sans pour autant mettre en péril les acquis de la Cinquième à savoir la stabilité gouvernementale et ministérielle et la protection renforcée des droits fondamentaux. I. L'état des lieux A. L'effritement réel mais réversible de l'autorité présidentielle L'hyperprésidence pour qualifier le quinquennat de N. Sarkozy est un abus de langage. La présidence de G. Pompidou avait déjà été qualifiée ainsi. La présidence de F. Mitterrand n'a jamais concentré autant de pouvoir à l'Élysée. Les caricaturistes comparaient l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste à Dieu ou à sphinx... C'est dire que le mandat exercé entre 2007 et 2012 s'inscrit dans un mouvement long de présidentialisation du régime, dont le général de Gaulle a été le premier acteur, ses successeurs l'adaptant à leur caractère et aux exigences et difficultés du moment. Mais la prééminence présidentielle, accentuée dans son expression par 155