Systèmes - Dynamiques du droit de l'urbanisme - 1re - 87

L'urbanisme opérationnel : deuxième bloc du droit de l'urbanisme

de police administrative (le permis de construire). Apparaît également la
prise en compte des outils opérationnels existants : il s'agit alors des
lotissements (cf. le titre VIII) et de l'expropriation (cf. le titre IX, qui permet
d'y recourir pour la réalisation de lotissements ou la construction de
groupes d'habitations).
La crise du logement s'amplifie. Elle sévit durement : entassement,
conflits, drames des sans-logis ou des mal-logés, bidonvilles aux portes de
la capitale. Le secteur de la construction redémarre pourtant à partir
de 1954. La production de logements double dorénavant presque chaque
année : 13 000 logements sont terminés en France en 1953, 25 000 en
1954, 42 000 en 1955 et 80 000 en 1959.
Le point culminant de la crise du logement est atteint pendant le rude
hiver 1954/1955. L'abbé Pierre lance un cri d'alerte qui remue les
consciences... et les dirigeants. S'ouvre une nouvelle décennie.

B. Naissance de l'urbanisme opérationnel : de 1955 à 1961
Un décret du 20 mai 1955 institue le commissaire à la construction et à
l'urbanisme pour la région parisienne. Création expliquée « par la peur que
les hommes de la IVe République avaient de l'abbé Pierre et qu'il fallait
donner l'impression que l'on faisait quelque chose face à la crise du
logement » selon Pierre Sudreau, nommé dans le poste3. Sa mission est
d'assurer une coordination à l'échelon de l'agglomération parisienne, ce
qui ne manque pas d'inquiéter le conseil municipal de Paris.
Le plan d'aménagement de la région parisienne, remis en chantier, est
modifié en 1956. S'il reste marqué par les doctrines d'après-guerre, il
comporte deux axes résolus : rénover les quartiers insalubres de Paris et
régénérer la banlieue par la construction de grands ensembles.
Les besoins sont immenses : à Paris, 180 000 personnes habitent dans
les îlots insalubres (soit 50 000 logements) et 400 000 personnes sont
logées dans des immeubles hors d'âge (soit 100 000 logements).
1 500 hectares d'îlots abritant près d'1 million d'habitants sont désignés
pour la rénovation. La banlieue a subi une urbanisation anarchique depuis
que Paris a débordé de ses limites administratives. C'est l'espace de
prédilection des lotisseurs parfois sans scrupule, bâtissant sans
aménagement ni réflexion sur le cadre de vie. Céline écrit en 1943, dans
une préface au livre d'Alfred Serouille, Bezons à travers les âges : « Pauvre
banlieue parisienne, / paillasson devant la ville où chacun s'essuie les
pieds, / crache un bon coup, / passe, / qui songe à elle ? Personne ».
Le secrétariat d'État à la reconstruction et au logement décide de
l'implantation des grands ensembles, répartis en couronne autour de Paris,
3. Témoignage cité dans FOURCAUT A., Paris/Banlieues conflits et solidarités, Créathis, 2007,
p. 288.

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