Contextes - La Grande Guerre et son droit - 181

JACKY HuMMeL

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dépassée par la démocratisation » : loin d'être favorable à un processus
de parlementarisation, le contrôle croissant du Reichstag sur le travail
législatif a renforcé le dualisme constitutionnel du Parlement et du gouvernement. révélant la forte segmentation de la société civile de l'époque
wilhelminienne et redonnant vie à l'interaction qui existe alors entre la
direction de l'empire et certains partis et corporations favorables au statu
quo, le processus de démocratisation a rendu plus malaisée la voie de la
parlementarisation.
À la fin de l'année 1916, la politique allemande des buts de guerre
oscille entre trois pôles : le Haut-Commandement appuyé sur tous les
éléments conservateurs et nationalistes du pays, la majorité du Reichstag
peu à peu encline à défendre une paix de compromis et le Chancelier
Bethmann Hollweg. Ludendorff et son conseiller politique, le colonel
Bauer, reprochent moins au Chancelier ses positions publiques (partisan
d'une paix de compromis, ce dernier en fait très peu état dans ses discours
publics) que d'avoir une attitude quelque peu indolente qui engendre une
« perte de confiance » dans l'opinion. La question des buts de guerre s'inscrit plus avant dans le débat politique quand Bethmann Hollweg impose
l'idée d'une tentative de paix : en décembre 1916, à la suite de l'invasion
de la roumanie voulue par l'Autriche- Hongrie, il propose devant le
Reichstag (non seulement au sein de l'assemblée plénière, mais aussi devant
la Commission principale), et cela au nom des empires centraux, d'engager
des négociations de paix. Sans illusion sur les chances d'une telle tentative,
il espère, du moins, créer une situation diplomatique favorable en montrant
aux États-unis que c'est le refus de la paix par l'entente qui oblige l'Allemagne à imposer une guerre sous-marine à outrance (la responsabilité du
prolongement de la guerre est ainsi déplacée du côté des Alliés).
Formée par le Chancelier grâce au déblocage de la discussion, une coalition relative au but de la guerre (Kriegszielkoalition) adhère à la proposition
du Chancelier. Cependant, après ce vote d'adhésion à la Friedensnote, le
Reichstag se proroge sans souhaiter y consacrer un débat. Par une telle
attitude, les partis composant la majorité (le Zentrum, la majorité socialiste et les progressistes) manifestent leur accord avec le gouvernement et
privent la minorité (composée des partis de droite et de l'extrême gauche)
de la possibilité de pouvoir exposer ses réserves. Ce n'est donc pas un
Reichstag impuissant qui s'efface par lui-même, mais la majorité parlementaire établie (celle de la future résolution pour la paix de 1917) qui
parvient, en accord avec le gouvernement, à réduire au silence les minorités
d'opposition. Selon e. r. Huber14, cette renonciation au débat parlemen14. « Weltkrieg, revolution und reichserneuerung 1914-1919 », in e. r. Huber, Deutsche
Verfassungsgeschichte seit 1789, vol. V, Stuttgart, Berlin, Köln, W. Kohlhammer, 1978,
p. 250.
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