70 LES DÉFIS D'UNE JUSTICE PARTICIPATIVE Autonomie des parties et liberté contractuelle. Le respect de l'autonomie constitue une garantie procédurale qui facilite l'implication proactive des participants à un processus de règlement amiable. Elle reconnaît la liberté contractuelle des parties et permet d'exploiter le potentiel de flexibilité et de créativité des modes de règlement des différends. Le droit des participants à l'autodétermination en justice participative correspond à leur capacité de prendre leurs propres décisions volontairement et sans être contraints par rapport à la résolution de toute question en litige. C'est un principe fondamental que chaque intervenant en justice participative doit respecter et encourager. Ainsi, le médiateur devra respecter une certaine distance avec les parties tout en leur assurant un soutien dans leurs choix et leur recherche d'une solution. L'autorité pour prendre des décisions repose entre les mains des parties, et non pas dans celles du médiateur42. Bonne foi et transparence. Toute démarche de règlement à l'amiable repose sur la bonne foi des participants et leur coopération active. Cela signifie notamment que les parties doivent faire preuve de transparence à l'égard de l'information qu'elles détiennent et qui peuvent être pertinentes au règlement du différend. Dans la pratique, cela signifie que le processus de justice participatif doit être clair et que les parties doivent comprendre les enjeux de la démarche. L'intervenant doit notamment préciser son rôle et les actions qu'il entend mener. Les parties doivent engager un dialogue dont l'objectif est de comprendre les visions respectives et qui se caractérise par de l'écoute et de la réciprocité dans les échanges. La transparence et l'engagement de bonne foi sont essentiels pour l'édification de la confiance et une bonne relation de travail43. Défis en France. La reconnaissance de l'autonomie des parties dans les modes amiables révèle un potentiel prometteur pour régler les différends selon la discrétion normative des parties, mais elle suscite aussi des craintes. Un enjeu important est celui de l'équilibre entre la liberté contractuelle et la sécurité juridique, ce qui se vit notamment au moment de choisir un procédé adéquat de prévention et règlement des différends44. Nous jetterons 42. Voir notamment l'article 6 du nouveau Code de procédure civile du Québec. Voir le Code d'éthique de l'IMAQ à l'article 3.1 à propos de l'autodétermination des parties. Voir aussi la définition de la médiation donnée par le Code d'éthique de l'IMAQ à l'article 2.1 qui précise que « le médiateur ne détient pas de pouvoir décisionnel ». Enfin, voir l'article 3.11 du même Code qui prévoit que « le médiateur veille à ne pas imposer le contenu d'une entente ». 43. L'article 3.4 du Code d'éthique de l'IMAQ précise que le médiateur contribue au règlement du différend en toute sincérité et transparence. 44. Voir l'article de H. Kenfack, « L'efficacité des clauses de médiation de conventionnelle. Pour une justice contractuelle maîtrisée par les partis », p. 179.