xAVIeR LABBÉe 99 II - LE DROIT DE LA FAMILLE Il faut revenir aux fondamentaux : quel est le socle du droit des personnes et de la famille ? A. Quel est le fondement des relations familiales ? La réponse habituellement donnée à cette question est simple : c'est l'amour qui unit les membres d'une même famille. on aime son conjoint, on aime ses enfants et ses parents. Peut-on aimer un robot ? Comment définir le mot ? 1. Le christianisme nous suggère une réponse à partir de deux phrases Le mot « amour » serait d'abord synonyme d'altérité, comme le laisse entendre la phrase (qui constitue autant une supplique qu'un impératif) : « aimez-vous les uns les autres ». Si cette définition est vraie, force est alors de dire que le sentiment que l'on peut porter à un robot n'a rien à voir avec l'Amour. Un robot n'est pas « un autre » et n'est pas « autrui ». C'est une chose qui nous appartient. et puis l'amour, s'il peut évoquer le sexe même s'il n'en est pas synonyme, supposerait également la gratuité, le don de soi comme dans la phrase « je vous donne mon corps. Prenez et mangez ». quand un homme ou une femme réclame de l'argent pour accomplir une prestation sexuelle, c'est qu'il ou elle se prostitue. La Cour de cassation définit « la prostitution » comme « le fait d'employer moyennant une rémunération son corps à la satisfaction du public quelle que soit la nature de l'acte de lubricité accompli ». Ce n'est pas un acte pénalement interdit, au moins quand on est majeur. Mais ce n'est pas un acte d'amour. La vénalité exclut toute notion d'amour ou de tarif. L'acquisition d'un robot sexuel exclut à nouveau toute idée d'amour. on pourrait d'ailleurs se demander si le fait de vendre des robots sexuels ne favorise pas la prostitution du client qui l'achète... (et qui peut être mineur) et si ce fait ne peut être assimilable à une forme de proxénétisme... et s'il n'est pas en tout état de cause contraire à la dignité humaine. Le robot sexuel n'est-il pas contraire à la dignité humaine ?