Hors collection - Lex Robotica - Le droit à l'épreuve de la robotique - 15

LUDoVIC GARAttINI

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films, romans, nouvelles, documentaires, œuvres d'art, bandes dessinées,
jeux-vidéos, émissions de télévision, expositions, musiques, récupérations et mixages multiples et variés, sur le thème du robot humanoïde. Il
semblerait presque, si l'on y regarde un peu vite, que la prégnance culturelle d'un objet technique pourrait être décrite par une courbe inverse de
présence technique : moins elle existe techniquement, plus elle excite culturellement, comme si nous ne pouvions voir dans les machines actuelles de
quoi fasciner suffisamment nos esprits. Cette image d'une machine à forme
humaine est à ce point présente culturellement qu'il devient difficile de
séparer la notion de « robotique » de cette forme anthropomorphe et cela,
pour beaucoup d'entre nous. Cette forme, que l'on va attribuer à un objet
technique, est à ce point saturée de représentations psychosociales qu'il est
parfois laborieux, et ce, même entre disciplines expertes de leurs propres
champs, de réellement parler du même objet lorsqu'on se rencontre pour
la première fois entre chercheur·e·s. Pour compliquer l'affaire, des confusions et sursaturations culturelles toutes égales surchargent par ailleurs les
notions d'intelligence artificielle ou d'algorithmes, notions qui participent
également à la compréhension élémentaire et fonctionnelle des plateformes
robotiques produites dans l'industrie, fabriquées dans les laboratoires ou
manipulées par les usagers. C'est la raison pour laquelle il nous a semblé
nécessaire de réunir des expert·e·s de plusieurs disciplines impliquées dans
le champ de la robotique afin d'être en capacité d'aborder la multiplicité
des dimensions techniques qui animent la robotique humanoïde.
La première chose qu'il nous faut concevoir très clairement est que la
machine anthropomorphe existe surtout comme objet esthétique, comme
objet culturel. La place occupée par ces plateformes dans le spectre des
recherches en robotique est en effet très modeste. Lorsqu'elle existe réellement, comme objet fonctionnant dans l'industrie, près de nous au quotidien
ou dans les laboratoires de recherche, la machine anthropomorphe, suivant
là à peu près le même destin tragique de toutes les machines qui l'ont
précédée, est tout de suite sommée de trouver une utilité bien précise sous
peine d'obsolescence voire, de mise à mort. Les laboratoires font un peu
figure d'exception au regard de ce comportement coutumier, consumériste d'une relation maître-esclave transférée aux objets techniques, en
ce que le fonctionnement de la machine y domine souvent les impératifs socio-culturels de sommations utilitaires et ustensiles systématiques.
Les questions auxquelles beaucoup de chercheur·e·s sont confronté·e·s,
à leur grand dam, lorsqu'ils reçoivent des visiteurs ou des journalistes,
sont souvent des variantes de : « qu'est-ce que le robot sait faire ? », ou
encore « à quoi peut-il bien servir ? », quand ce n'est pas une forme de
« est-ce que ce n'est pas dangereux tout ça ? ». Ces comportements discursifs
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