Hors collection - Lex Robotica - Le droit à l'épreuve de la robotique - 68

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L'HUMAIN AUGMeNtÉ PAR LeS RoBotS

question est utilisé à des fins techniques et heuristiques et que leur sens
ne correspond pas à celui qu'il a dans d'autres domaines. La mémoire, la
perception ou l'intelligence ne correspondent pas à la véritable mémoire,
perception ou intelligence humaine. Il faut comprendre que plus les
programmes s'attèlent à des tâches complexes, plus ils sont dans une
logique d'augmentation des capacités humaines et moins ils sont dans une
logique de substitution. Par conséquent, les dommages causés par l'utilisation des machines doivent être traités comme des cas de responsabilité
civile classique : nous sommes face à des utilisateurs, des distributeurs,
des prestataires de services des concepteurs... À leurs différents rôles
correspondent des obligations spécifiques qui forment une chaîne de
responsabilités. Il y aura toujours un opérateur légalement responsable,
ce qui apparaît très distinctement en matière de voitures autonomes. La
voiture est qualifiée d'autonome, tandis que le conducteur signe un contrat
dont les clauses l'empêchent de se décharger sur la machine de la responsabilité de la conduite. Sa responsabilité pourra de toutes manières être
engagée du fait de son inattention. L'ambiguïté est entretenue par les
« discours d'escorte » promotionnels mais, dans les situations concrètes,
on recourt à la responsabilité civile dont l'application se traduit par les
diverses clauses des contrats imposés aux usagers de ces systèmes.
Au-delà de l'exemple de la voiture autonome, il semble que l'intérêt de
donner une forme humanoïde aux robots serait d'une part de leur permettre
de se déplacer dans des environnements conçus en fonction de la morphologie des humains, d'autre part de pouvoir supposément communiquer
plus facilement selon des registres impliquant notamment la simulation des
attitudes non verbales. Mais quel est le véritable intérêt de générer une telle
ambiguïté dans la communication avec les machines ? que recherche-t-on
véritablement au travers de cette démarche ?
en conclusion de ces premières réflexions sur l'IA et la robotique
intelligente, soulignons que ces sujets sont par ailleurs passionnant pour
les chercheurs en Sciences Humaines et Sociales car ils leur apprennent
beaucoup de choses sur les facultés humaines ; les échecs de la traduction automatique nous éclairent sur ce que sont les langues ; la manière
dont l'expression simulée des émotions échoue la plupart du temps nous
apprend beaucoup dans le domaine de la communication interpersonnelle
et du rôle des sentiments dans cette communication ; l'attachement à divers
objets de consommation comme les robots ou les chiens-robots est riche
d'enseignements sur les névroses culturelles et identitaires dans certains
environnements sociaux.
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