Hors collection - Lex Robotica - Le droit à l'épreuve de la robotique - 71

MANUeL ZACKLAD

ouvrons une petite parenthèse autour de ce fameux Aibo : un article
du journal La Dépêche2 apprenait à ses lecteurs qu'une japonaise, pharmacienne retraitée de 68 ans, avait paniqué lorsque son robot, complice
de 8 ans, acquis peu de temps après le décès de son mari, avait subitement
perdu connaissance. « Je ne pensais pas qu'il y avait une limite à sa vie »,
confie-t-elle. elle trouve une petite entreprise spécialisée dans la réparation de ces robots-chiens. très contente, la septuagénaire s'exclame
en souriant : « J'étais tellement heureuse de le voir de retour à la maison
en pleine forme ». Le directeur de la société de réparation déclare : « Les
personnes qui élèvent Aibo ressentent sa présence et sa personnalité, donc
nous pensons que quelque part Aibo possède bel et bien une âme ». Cet
exemple illustre bien la problématique de l'abus de faiblesse entretenu
par les élucubrations d'ingénieurs peu scrupuleux.
Une prise de conscience semble quand même se dessiner actuellement.
tristan Harris était « philosophe-produit » chez Google, où sa mission
consistait notamment à promouvoir des interfaces hommes/machines les
plus attrayantes possibles, les plus susceptibles de capter l'attention. Puis,
sous le coup d'une prise de conscience soudaine, il a démissionné et alerte
aujourd'hui sur le fait que ces applications ne font rien d'autre que « voler
des heures à la vie des gens » et qu'il faudrait par conséquent réfléchir
à des applications sur smartphone plus « éthiques », qui cesseraient de faire
gaspiller leur temps aux utilisateurs. Nous ne sommes plus ici sur le terrain
de la responsabilité civile, mais au centre de la responsabilité sociétale, qui
relève de la Responsabilité sociétale des entreprises.

B. Des réponses juridiques attendues
qu'attendons-nous du Droit ? Pas des théories douteuses sur l'éthique
des robots. Mais d'abord une aide dans notre prise de parti en faveur des
consommateurs abusés qui doivent être informés des détournements de
sens constants qui sont opérés tant dans le langage promotionnel que dans
celui utilisé par les programmes informatiques dans les dialogues hommesmachine, supposément intelligents mais qui se situent souvent entre le
domaine de la tromperie et celui de la perte de temps organisée.
S'il n'y a pas toujours d'infraction contractuelle au sens juridique du
terme, il y a souvent transgression du « contrat moral » entre la personne et
l'entreprise que certains appellent un « contrat psychologique ». L'exemple
2. http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/25/2055816-au-japon-les-chiens-robots-aibocompagnons-a-vie.html.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/25/2055816-au-japon-les-chiens-robots-aibo-compagnons-a-vie.html http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/25/2055816-au-japon-les-chiens-robots-aibo-compagnons-a-vie.html

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