CONCLUSION DU CHAPITRE 2 296. L'essence de l'œuvre composite réside dans le lien que son auteur établit avec l'œuvre d'autrui. Ce lien met au premier plan la logique qui a inspiré l'auteur de l'œuvre composite. Cette approche est seule à même de saisir la diversité et la complexité des œuvres créées en utilisant tout ou partie de l'originalité de l'œuvre d'autrui, sans sa collaboration et d'envisager une classification. Il devient ainsi possible de dégager le trait spécifique de l'œuvre transformatrice. L'œuvre transformatrice est d'abord une notion qui répond à un besoin. Sa raison d'être siège dans la croissance exponentielle des pratiques d'utilisation créatrice d'œuvres antérieures, induite par les outils mis à disposition des amateurs. Ce développement est révélateur de pratiques qui ont, en fait, toujours existé, mais qui sont pendant longtemps restées assez confidentielles. L'évolution des techniques contraint désormais à la prise en compte de cette dimension particulière du rapport aux œuvres d'autrui. Les intérêts de ces auteurs doivent être pris en considération : il faut analyser leur place au sein de l'équilibre générale du droit d'auteur. Au demeurant, cette analyse conduit à une approche finalisée du monopole qui se situe dans la droite lignée de questionnements plus généraux sur le droit de propriété. L'œuvre transformatrice est en conséquence une notion fonctionnelle. Son contenu ne peut être fixé de façon définitive puisque sa destination est d'accueillir les créations nouvelles dont l'objet est de discuter sur ou autour de l'œuvre d'autrui. Or celles-ci peuvent présenter diverses formes qu'il est impossible de désigner en amont. L'auteur de l'œuvre transformatrice revendique une volonté de se situer en décalage avec l'œuvre d'autrui, utilisée. Il s'agit de construire une dialectique autour et à propos de celle-ci. Ce discours ne justifie d'être considéré comme transformateur que dans la mesure où il poursuit un objectif critique ou d'analyse. L'auteur de l'œuvre transformatrice court alors le risque que l'auteur de l'œuvre détournée n'oppose ses droits d'auteur qu'afin de censurer cette expression. Ce n'est que dans cette perspective que doit être envisagée l'œuvre transformatrice et les raisons qui pourraient justifier que son auteur bénéficie d'un régime distinct de celui applicable à l'œuvre composite, en raison de la destination de son œuvre. En conclusion, la particularité des œuvres transformatrices au sein des œuvres composites est une réalité. Elle répond à une problématique particulière : celle d'un ensemble d'objets qui présentent certaines spécificités. En témoigne la mise en lumière du fondement et du contenu de la notion.