L’école aujourd’hui - n°7 - Mars 2010 - (Page 36)

PÉDAgOgIE Les Inégalités d’apprentissage. Programmes, pratiques et malentendus scolaires Élisabeth Bautier, Patrick Rayou, coll. Éducation & société, PUF, 2009, 184 p., 19 €. les inégalités résistent aux efforts entrepris pour démocratiser les apprentissages. Pour expliquer leur persistance, les auteurs s’affranchissent des oppositions devenues stériles à force d’être rebattues entre traditionalistes et innovateurs. ils se défendent de toute nostalgie, précaution utile tant les situations stigmatisées peuvent les rapprocher des pourfendeurs du constructivisme en pédagogie. ayant l’avantage de dénaturaliser les difficultés des élèves, la notion de malentendu est mobilisée pour expliquer en quoi certains d’entre eux ne bénéficient pas de ce que ces situations sont censées construire. enseignant ou élève, chacun est dans l’ignorance des processus qui sous-tendent l’activité de l’autre. l’attention à la logique interne des leçons a éloigné les enseignants des enjeux cognitifs. l’assimilation des procédures par l’élève abuse l’enseignant qui croit les savoirs acquis. il oublie que les situations proposées reposent sur des évidences qui n’en sont pas pour certains élèves. cette opacité explique l’incapacité de ceux-ci à répondre aux attentes de l’école, et leur désarroi lorsque la connivence est censée faire partie du jeu des échanges. espérons que ce livre, important et exigeant, refusant de se substituer aux acteurs, sera lu comme une invitation faite à ceux-ci pour inventer des solutions. Patricia Nicolas Sélection Comment aider l’enfant à devenir lui-même ? François de Singly, coll. Éléments de réponse, Armand Colin, 2009, 158 p., 16,50 €. À l’école des compétences. hannah arendt a défini l’idéologie comme la logique d’une idée se déployant dans une indifférence totale au réel. c’est bien d’idéologie dont il est question dans cet ouvrage d’angélique del rey, qui, s’appuyant sur les textes produits par l’ocde et l’uNeSco dans le cadre théorique d’une meilleure utilisation du “capital humain” par le système éducatif, propose aux enseignants de réfléchir à l’approche par compétences. il s’agit moins de questionner le bien-fondé de la notion (issue de l’éducation nouvelle dont les objectifs humanistes ne sont pas remis en cause), que de montrer en quoi elle est perverse s’imposant dans un contexte utilitariste (celui de Bentham plus que celui de Smith ou del’école aujourd’hui n°7 De l’éducation à la fabrique de l’élève performant Angélique del Rey, coll. Cahiers libres, La Découverte, 2010, 288 p., 19 €. à celle de qualification (jouant un rôle de protection du statut) et permettrait l’adaptation pour la survie, rétrécissement stupéfiant des objectifs de l’instruction. elle est aussi hypocrite, si l’on songe que, par exemple, les grands cadres anglo-saxons viennent du monde des humanités classiques et non des techniques managériales. le livre peut pécher par emportement (ainsi les allusions à un Binet mal connu), mais il livre une colère salutaire et invite à interroger les véritables objectifs de l’école : l’émancipation qu’elle doit à l’élève ne peut se séparer de la transmission qui prend tout son sens en ce qu’elle unit les individus, y compris à travers le conflit. Marie-José Minassian Mill). dans ce contexte, l’idée se focalise sur le rapport éducation/employabilité, idée décidément inadéquate lorsque le travail se raréfie. elle se substitue l’auteur se préoccupe du retour de balancier impulsé dans les années 1980 par pédopsychiatres et anthropologues, par lequel l’interdit a été réhabilité. la confusion des rôles et la perte de repères étaient à leurs yeux le creuset de la toute-puissance enfantine corrélative de la démission des parents. l’enfanttyran manquant d’un principe personnel pour se gouverner, l’éducation traditionnelle reposant sur la frustration n’aide pas davantage l’enfant à devenir autonome. dans une société de l’injonction à être soi, l’éducation doit être respectueuse de l’identité singulière de l’enfant. la fatigue dont se plaignent les parents s’explique par la complexité de leur tâche ; il s’agit donc de trouver la bonne distance entre autorité et écoute : reconnaître sans contrôler, ne pas être envahissant ni indifférent, dans un constant ajustement du cadre à l’intérieur duquel l’enfant est libre. Patricia Nicolas mars 2010

Table des matières de la publication L’école aujourd’hui - n°7 - Mars 2010

Couverture
Édito
Sommaire
ACTU
- En bref 3 questions à François Dufour
- Le billet du médecin Pourquoi a-t-on une horloge biologique ?
- Une année en IUFM Le Petit Poucet revisité
- L’école ailleurs Éduquer pour moderniser - Chine
DOSSIER - L’école et les médias
- Introduction
- Entretien France Renucci
- Analyse Rejoindre les enfants dans leur univers
- Reportage L’automne en actus
- Bloc-notes Se former, s’informer
PRATIQUES PÉDAGOGIQUES - Histoire : les transports
- Introduction 3 questions à Gracia Dorel Ferré
- Progressions cycles 1, 2 et 3
- Outils pour la classe
SÉLECTION
- Nouvelles technologies
- Pédagogie
- Jeunesse cycle 1
- Jeunesse cycles 2 et 3
- Coin thématique
- Choix des correspondants
LA RÉCRÉ
- Jeux
- Bulletin d'abonnement
FICHES

L’école aujourd’hui - n°7 - Mars 2010