recherche@hec - n°10 - (Page II)

recherche Qu’est-ce qui fait marcher les entrepreneurs ? C’est bien connu : 75 % des entrepreneurs gagnent moins que s’ils étaient salariés. Pourtant, les vocations ne manquent pas. Pour mieux comprendre ce phénomène, le professeur Astebro du département de Stratégie a invité des universitaires reconnus pour échanger sur le processus de décision qui motive les entrepreneurs. Trois principaux facteurs émergent : les particularités individuelles, l’innovation et les déterminants régionaux. Premièrement, la décision de se lancer dépend de particularités individuelles : l’expérience antérieure de dirigeant d’entreprise ; ses compétences sociales et techniques ; son goût du risque. Selon Robinson, de l’Université Duke, ceux qui ont dirigé leur propre entreprise à l’adolescence ont trois fois plus de probabilités de devenir entrepreneurs. De même, Van Praag, de l’Université d’Amsterdam, a découvert que les compétences sociales et techniques à un âge précoce favorisent la vocation entrepreneuriale. Au-delà des compétences et de l’expérience, Astebro (HEC Paris), Mata (Université nouvelle de Lisbonne) et Santos-Pinto (HEC Lausanne) montrent que l’engagement dans l’entrepreneuriat dépend du goût pour le risque : ces individus privilégient les options offrant une faible probabilité de gain important. Deuxièmement, le désir d’entreprendre repose sur la capacité à innover de l’individu : l’identification d’idées ou d’inventions porteuses; la créaTrois tivité des employés ; le financement de projets risqués ; l’évaluation des investisseurs. Braguinsky, de l’Université Carnegie Mellon, suggère que la décision d’entreprendre dépend de l’expérience de l’individu en tant qu’employé, expérience qui lui permettra d’identifier les idées ou inventions méritant d’être exploitées de façon autonome. Nada, d’Harvard, explique que l’entrepreneuriat motivé par l’innovation encourt deux types de risques : l’un est fondamental (projet non viable qui trouve un financement) et l’autre est financier (projet viable qui ne permet pas de lever des fonds). Le succès de l’entrepreneur dépend donc de sa capacité à convaincre les investisseurs et de la capacité des investisseurs à assurer à l’entrepreneur un financement sur le long terme, sans se retirer lorsque la conjoncture est mauvaise. “Workshop on Entrepreneurial Entry ”, 18 et 19 septembre 2009. hec principaux facteurs de motivation émergent : les particularités individuelles, l’innovation et les déterminants régionaux. Par Kevyn Yong et Thomas Astebro, professeurs à HEC Paris. Troisièmement, devenir entrepreneur est conditionné par des déterminants régionaux : la qualité de la couverture médicale des employés, les clauses de non-concurrence qu’ils signent, mais aussi la taille de la ville. Fairlie, de l’Université de Californie à Santa Cruz, a montré que les bonnes couvertures médicales désincitaient les employés à se lancer dans l’entrepreneuriat. Marx, du MIT, a découvert que les clauses de non-concurrence favorisaient une fuite des cerveaux : les inventeurs se déplacent dans des régions où ils sont plus libres. Strange, de l’Université de Toronto, conseille à ces entrepreneurs de bien considérer leurs futurs besoins : la complexité de leur production, l’équilibre des compétences, la taille de la région. Les entreprises impliquant des tâches complexes devraient notamment s’installer dans des grandes villes, où la maind’œuvre est plus disponible et offre un choix plus varié de connaissances et de compétences. Dans une séance conclusive en partenariat avec la direction de la Science, de la Technologie et de l’Industrie de l’OCDE, Colombo (École polytechnique de Milan), Parker (Université de Western Ontario) et Astebro ont apporté des éclairages permettant de contextualiser le débat sur l’engagement entrepreneurial et les politiques publiques. Les représentants de l’OCDE ont trouvé les explications avancées particulièrement pertinentes et nous espérons maintenant que les idées développées lors de cette conférence trouveront une oreille réceptive parmi les dirigeants français, européens, et le reste du monde. I II recherche@hec • septembre-octobre 2009

Table des matières de la publication recherche@hec - n°10

Couverture & Sommaire
Qu’est-ce qui fait marcher les entrepreneurs ?
J’aime, j’aime pas...
L’optimisme des entrepreneurs
S’allier à son concurrent : un choix réfléchi

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