Les clés de la presse - n°34 - Automne 2013 - (Page 33)

Les Clés de la presse - automne 2013 33 regardant ce qui se fait dans la presse étrangère par exemple. Il faut accepter de n'être pratiquement jamais sur off. Quand j'étais élève, je me rappelle d'un professeur qui nous disait : « Sortez de la classe, allez vous faire l'œil, aller voir une expo ». C'est l'idée. Il faut être une éponge. Il n'existe pas d'horaires. Il y a beaucoup de groupes de presse qui sont devenus des entreprises : le travail, fini ou pas, on rentre chez soi. A Paris match, le métier de directeur artistique est très particulier. La fonction artistique est très importante, tout comme la fonction journalistique et éditoriale. Le lien à entretenir avec le montage du sujet est prépondérant. Le magazine fonctionne beaucoup sur le récit. Une fois la charte graphique posée, elle doit être suffisamment souple pour permettre toutes les formes de récits. » Photographe-iconographe Eric Bouvet (Polka, le Figaro magazine, Paris match.) Description du poste Le photographe illustre des articles ou des reportages. Il réalise sur commande des clichés pour la presse (de sports, culinaire...) ou encore des photos pour la publicité, la mode... S'il travaille sur ses propres projets, il tente de vendre ses images aux éditeurs, aux magazines, dans les galeries, etc. Il peut aussi exercer comme photographe de mariage ou portraitiste... Quelle que soit sa spécialité, le photographe débutant doit s'accrocher pour vivre de son art. La formation qui y mène Ecole de photographie, école des arts et industries graphiques : ne pas hésiter à faire des stages auprès de professionnels. Une fourchette de salaire Variable. Le salaire du photographe dépend de ses commandes, et le prix des photos, avec le numérique, tend à baisser. Les qualités requises Pour Eric Bouvet, les trois principales qualités d'un photographe sont la pugnacité, la créativité et une bonne culture. Un témoignage « C'est le plus beau métier du monde ! Cela fait 32 ans que j'exerce ce métier et, à chaque fois que je prends mon appareil, j'évolue, je progresse. On peut toujours aller plus loin. Les musiciens font des gammes pour s'entraîner, nous c'est pareil. Il faut un investissement énorme. C'est un sacerdoce, une manière de vivre. Une façon de regarder la vie différemment. L'appareil photo est un trait d'union avec les hommes. Cela m'a permis de découvrir des choses horribles, folles, magnifiques. De comprendre des situations, des faits historiques... J'ai commencé avec la chute du mur de Berlin, j'ai vu la sortie de prison de Nelson Mandela. Il n'y a pas que du fait historique. Quand Carl Lewis passe la ligne en vainqueur, la foule qui crie, c'est monstrueux. En France, on a tendance à mettre des gens dans des cases, on dit que je suis photographe de guerre. Mais je n'ai pas fait que ça. En 2002, avec l'arrivée du numérique et la chute des trois agences mondiales, on s'est retrouvé à la rue. Aujourd'hui le boitier fait la photo, alors il faut un œil. Il n'y a jamais eu autant de photographes. Le métier s'est beaucoup diversifié, la culture est plus importante que la technique. L'expérience du terrain est primordiale ». Les jeunes qui sortent d'une école et foncent en Syrie me préoccupent. Je suis étonné qu'il n'y ait pas plus de malheur. Je leur dit de foncer mais dans un premier temps, il y a des choses moins dures à couvrir. Il faut commencer par des sujets moins chauds pour apprendre comment bouger, comment se conduire avec les gens... Ce n'est pas un terrain de jeu. Avec les réseaux sociaux, je reçois des kilomètres de demandes, des jeunes qui vont en Syrie. Je les mets en garde, ils jouent leur vie ».

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