Repères - N°48 / Février 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 9

SÛRETÉ

Fondé sur le retour d'expérience de l'accident de Fukushima Daiichi - plus d'eau, plus
d'électricité, manque de moyens humains -
l'objectif du ND est de « garder la maîtrise
de la situation et le cas échéant de contenir un
accident majeur, quelles que soient les circonstances », expose Patrick Lejuste, chef de
projet post-Fukushima.
Il repose sur deux dispositifs clés : le diesel
d'ultime secours (DUS) et la source d'eau
ultime (SEU), assurant respectivement une
autonomie électrique de 72 heures et un
appoint en eau (lire p. 10 et 11). Le dialogue
technique avec EDF s'engage dès 2012.
L'ASN prescrit la mise en place des DUS à
l'horizon 2018 pour tous les réacteurs. Le
dimensionnement de certaines parties des
installations est également revu, il faut les
renforcer contre les agressions climatiques
extrêmes : inondations (lire p. 12), foudre,
tornades, vents violents...
Pour améliorer la gestion de crise, EDF
avait proposé, dans le cadre des ECS, la
construction, sur chaque site, d'un centre
de crise local (CCL), robuste aux agressions
extrêmes (lire webmag). L'année suivante,
toujours à son initiative, l'énergéticien met
en place la Force d'action rapide nucléaire :
la Farn (lire ci-contre).
Tous les équipements nouveaux sont directement dimensionnés en tenant compte des
aléas extrêmes. La mise en œuvre complète
des dispositions du ND sera effectuée au
rythme des révisions décennales, pour se
terminer en 2038. n
Pour en savoir plus :

En France : le concept du « noyau dur » dans
les centrales EDF irsn.fr/ECS-noyau

WEBMAGAZINE
À LIRE
Centre de crise
local : résister
aux situations
extrêmes
irsn.fr/R48

YM : Les dialogues
techniques se sont multipliés.
Les commissions locales
d'information (Cli) échangent
avec les experts de l'IRSN,
l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) et les exploitants
sur des sujets parfois
polémiques, telles
les anomalies de la cuve
de l'EPR de Flamanville
(Manche). L'IRSN publie
davantage d'informations.
Il sollicite les citoyens en amont
de l'expertise plutôt qu'à la fin.
Ce fut le cas pour le projet
de piscine d'entreposage
centralisé de combustibles usés.

Les modalités
de participation
changent-elles ?
MB : Les groupes permanents
de l'ASN s'ouvrent aux experts
non institutionnels. Nous avons
intégré plusieurs groupes,
portant sur la sûreté des
installations et sur les déchets.
YM : Cette ouverture enrichit
l'expertise. Nous portons
souvent des avis divergents.
Sur les réacteurs, nous insistons
sur le maintien des marges
de sûreté, apportons une vigilance
sur les délais d'exécution
des recommandations
de l'ASN...

Quelles améliorations
envisager ?

comme le suivi
des engagements pris par
les exploitants.
YM : Il faut parvenir au point
où les préoccupations de la
société civile impactent plus
concrètement les décisions.

Sur quel sujet le dialogue
fait-il défaut ?
YM : La sécurité. Il est naturel
que certains aspects, comme
la surveillance antiterroriste,
soient couverts par le secret
défense. D'autres, comme
la robustesse du génie civil face
à une chute d'avion, la capacité
à maintenir le refroidissement
après certaines attaques...
devraient être intégrés
au dialogue avec la société.

MB : Certaines informations
doivent devenir publiques,

4 questions à...

Manon Besnard
et Yves Marignac

Une autonomie de 72 heures

En quoi l'accident de
Fukushima Daiichi a-t-il
changé les relations entre
les acteurs du nucléaire
et la société civile ?

Experts indépendants au sein du pôle d'expertise
nucléaire et fossile de l'Institut négaWatt

et décide de relever le niveau de celle-ci
face aux aléas naturels. L'IRSN propose un
concept nouveau : le « noyau dur » (ND).
Chaque installation doit disposer de moyens
humains et organisationnels et des équipements « ultimes » aptes à résister à des agressions dont la sévérité dépasse celle retenue
dans le référentiel de sûreté en vigueur.

La Farn est composée de 300 salariés
entraînés. Elle dispose de 52 véhicules
tout-terrain et de moyens aériens et fluviaux.

FOCUS

Relayer le « noyau dur » en 24 heures

ispositif complémentaire de sûreté
depuis 2013, la Force d'action rapide
nucléaire (Farn) apporte des moyens
humains et matériels en cas d'accident. En
2019, l'Institut signale dans un avis que
- pour un scénario accidentel donné -,
la Farn doit impérativement agir sous
24 heures (avis 2019-00051 sur la mise

en place des dispositions de refroidissement
ultime). Elle contribue à maintenir
le refroidissement des réacteurs, assurer
l'alimentation en eau, en électricité
et en air comprimé. Elle prend le relais
du « noyau dur » pour conserver la maîtrise
de la situation et prévenir la fusion du cœur,
ou en limiter les conséquences.
Page 9 - Repères N° 48 - février 2021

http://www.irsn.fr/ECS-noyau

Repères - N°48 / Février 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire

Table des matières de la publication Repères - N°48 / Février 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire