© Luc Dorémus, LE2M/IRSN ZOOM 100 μm Rompu de fatigue L es fines ondulations qui parcourent cette image ne sont pas sans rappeler les strates géologiques des célèbres falaises normandes d'Étretat. Il s'agit en fait d'une observation au microscope électronique à balayage de la section d'un cylindre en acier, passé à l'épreuve du dispositif expérimental EVA (Étude du vieillissement des aciers), à découvrir dans le dossier du numéro 47 de Repères sur www.irsn.fr/R47. Mesurant moins d'un micromètre de large, chaque strie zébrant le cliché résulte de l'avancée d'une fissure, par cycle de contraintes. Ces contraintes sont appliquées par la nouvelle « machine de fatigue » du Laboratoire d'expérimentation en mécanique des matériaux (LE2M) de Cadarache (Bouches-du-Rhône). La distance entre deux stries renseigne sur la vitesse de propagation de la fissure. L'échantillon est immergé dans un milieu aqueux porté à 300 °C sous une pression de 155 bars. Dans cet environnement qui reproduit les conditions du circuit primaire d'une installation nucléaire, la structure cylindrique est étirée puis comprimée à Walter-John Chitty Chercheur en mécanique des matériaux de multiples reprises jusqu'à la rupture. La finalité de ces tortures est d'établir des courbes de fatigue des éléments en acier inoxydable du circuit primaire, en tenant compte des forts niveaux de pression et de température auxquels ils sont soumis. Une fissure progressant vite entre deux cycles de contraintes indique que la pièce se brisera plus rapidement qu'une autre dont les fissures se déplaceraient plus lentement. Initiés début 2020, ces essais visent à anticiper le vieillissement de certains composants du circuit primaire d'une centrale nucléaire. n Page 9 - Repères N° 49 - avril 2021http://www.irsn.fr/R47