Repères - N°50 / Septembre 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 22

REPORTAGE
Référent essais
La sûreté des chaufferies d'un sous-marin
Depuis 2015, la zone d'accueil et d'entretien des sous-marins nucléaires d'attaque de Toulon (Var)
évolue pour accueillir la classe de type Suffren. Pour assurer la sûreté de leur réacteur embarqué,
un référent essais pilote, vérifie et suit les nombreux essais indispensables. Immersion.
S
ous le soleil printanier, la zone militaire
de la rade de Toulon (Var) vit
au rythme d'un chantier hors
norme, conduit par le service d'infrastructure
de la défense1. À son terme, en 2027,
ses trois bassins et cinq postes à quais seront
aptes à accueillir et soutenir deux classes
de sous-marins nucléaires d'attaque (SNA)
français : Suffren (programme Barracuda)
et Rubis.
La tâche est immense. Il faut notamment
transformer des bassins construits en
1876, puis adaptés aux SNA de type Rubis,
en infrastructures adaptées aux SNA - et
donc des chaufferies nucléaires embarquées
- les plus sophistiqués. Les travaux
débutent en 2015. « Les spécifications techniques
pour le chantier tiennent compte de
l'avis de l'IRSN sur le programme
Barracuda2. La transformation vise à faire
de la base une installation de soutien
terrestre, soit l'équivalent d'un bateau
à terre », précise Vincent T. Référent essai,
son rôle est de s'assurer que les preuves de
sûreté du domaine des essais et de la
formation, y compris nucléaires3, sont
réunies lors de la phase de réception des
travaux.
Résister aux circonstances
extrêmes
Au quotidien, l'homme pilote, vérifie et
suit l'ensemble des essais pour l'obtention
de ces preuves de sûreté. En 2018, l'installation
électrique de secours est testée
pour sa résistance au séisme, jusqu'au
séisme majoré de sûreté de la région de
Toulon. Il organise pour cela les essais à
mener sur une plateforme vibrante en
Espagne. Il émet des réserves éventuelles
pointant des fonctions ou des performances
à améliorer, réalise les retours
d'expérience, archive et partage les résultats
au sein de l'équipe du projet.
Aujourd'hui, c'est une autre responsabilité
qui explique la présence de Vincent T.
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sur le premier quai opérationnel. En plein
vent, dos à la mer, il supervise une formation.
« Les personnels du ministère des
armées - militaires et civils - et les prestataires
doivent comprendre le fonctionnement
des installations. Cette fois, le maître
d'œuvre leur explique comment brancher
le SNA sur la source terrestre d'azote »,
stipule-t-il. Plus de 50 formations ont eu
lieu depuis les premières livraisons. Pour
cause, les exigences de sûreté nucléaire de
nombreuses installations nécessitent une
parfaite maîtrise.
Les deux quais Est et le bassin intègrent
les mesures post-Fukushima. Grâce aux
moyens de secours ultime, le SNA à quai
ou au bassin pourra rester autonome même
après un événement majeur : submersion,
séisme, vent ou tempête. « Les moyens électriques
de secours ultime (Mesu) sont simples
et robustes. Ils doivent fonctionner même si
Toulon était dans des circonstances extrêmes ».
L'inventaire des exigences techniques pour la
seconde phase - deuxième bassin - est en cours
d'examen. La dernière - troisième bassin - en
est à l'étape de la formulation du besoin.
« La sûreté est toujours en ligne de mire. » n
1. Service constructeur des armées et autorité
de conception, vis-à-vis de la sûreté nucléaire,
dans le domaine des infrastructures.
2. Programme de construction des nouveaux
sous-marins nucléaires d'attaque français.
3. Ensemble des dispositions techniques
WEBMAGAZINE
DIAPORAMA
Rade de Toulon :
la grue
et l'alimentation
électrique
sont vérifiées
www.irsn.fr/R50
et organisationnelles relatives à la conception,
à la construction, au fonctionnement, à l'arrêt
et au démantèlement des installations nucléaires
de base, pour prévenir les accidents ou en limiter
les effets.
4. Le gaz inerte injecté élimine l'oxygène
ou l'humidité présents dans l'atmosphère.
Vincent T., référent essais (troisième à gauche),
supervise la formation assurée par le maître d'œuvre,
pour l'exploitation de l'installation d'azote.
Ce gaz sert à l'extinction en cas d'incendie et assure
la fonction d'inertage4.

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