Repères - N°50 / Septembre 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 5

TEMPS FORTS
Sûreté
Entreposage de combustibles usés
Une maquette simule les accidents
de perte de refroidissement
L
La maquette de piscine de stockage
est haute de 6,8 mètres.
L'installation Midi explore
la phase finale de l'accident,
quand les pompes aspirent
de l'eau quasi-bouillante.
Environnement
es études thermo-hydrauliques viennent
de commencer au sein de l'installation
Midi1. Cette maquette - à l'échelle 1/6 -
d'une piscine d'entreposage de combustibles
usés fait partie du projet de recherche postFukushima,
Denopi2. Sa vocation : simuler
des accidents de perte des systèmes de refroidissement
dans une piscine.
« En 2011, le tsunami a endommagé le
circuit de refroidissement », rappelle Benoit
Migot, chercheur en mécanique des fluides
au Laboratoire d'expérimentation en mécanique
et matériaux (LE2M) de Cadarache
(Bouches-du-Rhône). Ce scénario mènerait
à l'échauffement puis à l'ébullition de l'eau.
Depuis l'accident japonais, des possibilités
renforcées d'appoint en eau des piscines
sont déployées pour limiter le risque de
dénoyage.
Munie de cartouches chauffantes reproduisant
la puissance résiduelle des assemblages,
Midi permet d'étudier la répartition des flux
de chaleur, les mouvements du fluide dans la
piscine et les mécanismes de vaporisation de
l'eau dans cette situation.
Ces expérimentations servent à valider les
logiciels utilisés dans les études et à s'assurer
de l'absence de risques associés à l'ébullition.
1. Maquette instrumentée pour l'étude du dénoyage
des piscines de combustibles.
2. Dénoyage accidentel de piscine d'entreposage
de combustible nucléaire www.irsn.fr/denopi
Robustesse des installations
Une conviction partagée,
autant qu'un calcul
Carpe commune (Cyprinus carpio) élevée au Laboratoire d'écotoxicologie
des radionucléides (Leco), isolée dans un aquarium.
Écotoxicologie
Mieux prédire les variations
du carbone 14 dans les poissons
V
ingt-quatre heures après avoir fait
ingérer à des carpes des nutriments
marqués au carbone 14, environ un quart
de la radioactivité est incorporé dans leurs
tissus, selon la thèse d'Audrey Souloumiac,
écotoxicologue. Le carbone 14 est le radionucléide
- avec le tritium - le plus rejeté
dans les cours d'eau lors du fonctionnement
normal des centrales. Ses teneurs dans les
poissons des fleuves nucléarisés sont faibles,
mais leurs variations sont difficiles à expliquer.
Les travaux de la doctorante1,2, cofinancés
par EDF, améliorent les modèles de transfert
de cet isotope vers les poissons, selon les
saisons et le niveau de rejets radioactifs.
Ils reposent sur l'étude de carpes communes
(Cyprinus carpio), nourries avec
du glucose ou un acide aminé essentiel au
carbone 14 pendant plusieurs jours. L'incorporation
du radionucléide est suivie au fil du
temps. Les variations sont analysées à l'aide
du modèle mathématique DIB (Dynamic isotope
budget, budget dynamique des isotopes).
1. Souloumiac A. et al. (juillet 2021) Journal
of Environmental Radioactivity, 233.
2. Laboratoire de recherche sur les effets
des radionucléides sur les écosystèmes (Leco).
Pour en savoir plus :
Thèse « Étude mécaniste et écophysiologique
des transferts du carbone 14 aux poissons »
www.irsn.fr/These-Souloumiac
La robustesse d'une installation nucléaire
est avant tout une conviction partagée
entre plusieurs groupes d'acteurs :
exploitants, autorité de sûreté, expert
technique (IRSN).
Telle est la conclusion de Mathias Roger
à l'issue de sa thèse en sociologie,
préparée entre 2016 et 2020 au Laboratoire
de recherche en sciences humaines
et sociales (LSHS) de l' Institut,
à Fontenay-aux-Roses (Essonne).
« Ses travaux ont été initiés après
l'accident de Fukushima. Celui-ci a révélé
une défaillance du système de régulation
des risques nucléaires. Cela nous a amenés
à questionner notre pratique d'expertise »,
raconte François Jeffroy, responsable
du laboratoire.
L'objectif de la thèse était de comprendre,
sur le plan sociohistorique, comment
se construit la robustesse des installations
nucléaires face au risque sismique.
À travers l'analyse de centaines
de documents et de dizaines d'entretiens,
Mathias Roger retrace la façon dont
chercheurs et experts abordent depuis
plusieurs décennies l'aléa sismique,
ses effets sur les installations et les marges
de sécurité associées.
« La robustesse ne relève pas seulement
du calcul, considère l'expert, mais aussi
de la confiance dans la démonstration. »
Page 5 - Repères N° 50 - septembre 2021
© Philippe Dureuil/Médiathèque IRSN
© Noak/Le Bar Floréal/Médiathèque IRSN
http://www.irsn.fr/denopi http://www.irsn.fr/These-Souloumiac
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