Repères - N°53 / Avril 2022 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 4

TEMPS FORTS
IRM
Au cœur
d'un assemblage
Comprendre les phénomènes en jeu
lorsque les crayons de combustible
se déforment est primordial pour
maîtriser le refroidissement d'un cœur
de réacteur en cas d'accident par perte
de réfrigérant primaire (APRP).
Ces déformations créent des zones plus
difficiles à refroidir. Pour étudier
les écoulements d'eau dans ces zones,
les chercheurs utilisent une technique
novatrice - la vélocimétrie* par résonance
magnétique (VRM) - pour les visualiser
en 3D, de manière non intrusive.
Des crayons de géométrie prototypique
sont placés dans un appareil d'IRM
(imagerie à résonnance magnétique).
Les résultats montrent quantitativement
la manière dont les crayons déformés
modifient le parcours de l'eau. Ils serviront
à la validation du logiciel Draccar
de l'IRSN, utilisé lors de l'analyse des
dossiers de sûreté des exploitants. Deux
entités y participent : le Laboratoire d'étude
et de modélisation du combustible de
l'IRSN à Cadarache (Bouches-du-Rhône)
et le Laboratoire énergies et mécanique
théorique et appliquée (Université de
Lorraine-CNRS) à Vandœuvre-lès-Nancy
(Meurthe-et-Moselle).
Pour en savoir plus, lire le Reportage (p. 22).
* Mesure des vitesses.
EXPOSITION
DES PROFESSIONNELS
6 travailleurs
ont reçu en 2020 une dose
individuelle annuelle
dépassant 20 mSv*, cinq
en exposition externe,
un en interne.
* limite annuelle réglementaire
18
reconstitutions de dose
interne sont réalisées
par l'IRSN en 2019.
Retrouver le dossier
« Exposition des professionnels » en page 10.
Page 4 - Repères N° 53 - avril 2022
Sûreté
Corrosion sous contrainte
Une expertise longue s'engage
P
rofonde de plusieurs millimètres, la
fissure serpente autour d'une tuyauterie
du système d'injection de sécurité,
outil essentiel au refroidissement du réacteur
en cas d'accident avec perte d'eau du circuit
primaire (CP). EDF la détecte en août 2021,
lors de la deuxième visite décennale de l'unité 1
de la centrale de Civaux (Vienne). C'est la première
d'une série. En six mois, cinq réacteurs
sont arrêtés en France pour cause de fissures
dûes à la corrosion sous contrainte (CSC).
Une dizaine d'experts mobilisés
En août, l'industriel soupçonne un problème
causé par la fatigue thermique. La tuyauterie est
découpée. Son analyse en laboratoire infirme
cette hypothèse : il s'agit de CSC. « Ce type de
fissure met du temps à apparaître. Mais une
fois amorcée, elle se propage, décrypte Olivier
Dubois, expert sûreté. Sa vitesse de propagation
est difficile à prévoir. » Composition de l'acier,
soudures, chimie du CP... des précautions
prises pour l'éviter n'auront pas suffi.
L'IRSN, informé en septembre, alerte l'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN) en octobre, quand
il s'avère que la fissure est circonférentielle.
« Son emplacement est problématique : en cas de
fuite ou de brèche sur plus d'une ligne d'injection
de sécurité alimentant le réacteur, la sûreté serait
fortement compromise », souligne l'expert.
Réparer ce défaut nécessite de couper, refaire,
puis ressouder les nouvelles portions de tuyauteries,
un processus long, qui expose le personnel
aux rayonnements ionisants. Avant d'engager
des travaux, il faut cerner l'origine du problème
et contrôler tous les réacteurs potentiellement
concernés. « La première passe de la soudure
proche de la fissure, inhabituellement épaisse,
pourrait fragiliser le circuit », explique l'expert.
La causalité n'est pas encore confirmée.
Un dialogue s'instaure entre l'IRSN, EDF et
l'ASN. L'Institut prend part aux inspections
à Civaux. « Les connaissances et les recherches
bibliographiques de nos experts ne révèlent pas
de retour d'expérience comparable », rapporte
Olivier Dubois. L'équipe de l'IRSN compte
une dizaine de spécialistes des contrôles non
destructifs, des matériaux, de la corrosion,
thermohydraulique...
L'expertise de cette situation, très préoccupante
du point de vue de la sûreté, durera probablement
plusieurs années.
Pour en savoir plus :
Endommagement par corrosion sous contrainte
de tuyauteries connectées au circuit primaire principal
de réacteurs d'EDF www.irsn.fr/corrosion-contrainte
http://www.irsn.fr/corrosion-contrainte
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