Repères - N°56 / Janvier 2023 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 12

DOSSIER
Martine Gauthier, technicienne au Laboratoire de télédétection et d'expertise
environnementale, relève un filtre du préleveur Opera 80 du Vésinet (Yvelines).
Le 6 février 2021, des poussières de sable du Sahara, emportées par des vents,
survolent la France et teintent de jaune l'atmosphère. Ici à Lyon.
Les réseaux de surveillance
de la radioactivité dans l'air détectent
de faibles variations de radioactivité.
rapidement toute élévation du rayonnement ambiant
dans l'air. Ses 480 balises1 couvrent le territoire, notamment
à raison de dix à vingt autour de chaque installation
nucléaire (lire p.16). Toutes les dix minutes, les
mesures du débit de dose gamma sont transmises à la
salle de télésurveillance au Vésinet (Yvelines).
Les quelque cinquante stations Opera échantillonnent,
quant à elles, l'air en continu et mesurent la radioactivité
des particules en suspension. Ce réseau décèle des
augmentations de la radioactivité bien plus faibles que
le premier, mais pas en temps réel du fait des délais
de l'échantillonnage et de la mesure. « Quarante
stations aspirant 80 m3
/h sont situées près des installations
nucléaires », précise Magali Béguin-Leprieur,
ingénieure au Laboratoire de surveillance de l'environnement
par échantillonnage (LSE), au Vésinet.
D'un débit supérieur - jusqu'à 900 m3
/h -, les autres
servent à détecter les infimes traces de radioactivité.
Des réseaux flexibles
L'épisode récent des sables du Sahara illustre la précision
et la flexibilité du réseau Opera. En février 2021,
le vent emporte des sables d'Afrique du Nord vers
l'Hexagone, charriant du césium 137. L'IRSN priorise
certains relevés et adapte les analyses (voir infographie
ci-contre). « Une hausse transitoire de la teneur en
césium 137 mesurée avec des stations Opera est bien
représentative de cet évènement », raconte Maxime
Morin, spécialiste en mesures environnementales.
En cas de suspicion d'un incident sur une centrale
impliquant de l'uranium ou du plutonium - émetteurs
alpha -, une autre adaptation serait pratiquée.
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Des mesures de routine par la spectrométrie gamma
seraient enrichies par d'autres spécifiques à ces éléments.
Dans le cas d'un accident, le réseau Téléray adapterait
son fonctionnement afin de mieux suivre l'évolution
des niveaux de radioactivité. « La fréquence de
télétransmission des mesures passerait d'une toutes les
dix minutes à une toutes les trois minutes », détaille
Romain Vidal, spécialiste de la surveillance de l'environnement,
en charge du réseau.
20
partenaires
de l'IRSN partagent
leurs données
de surveillance
radiologique
de l'air en Europe.
Remonter à la source
En 2017, s'appuyant sur données de la surveillance
de l'air à l'échelle européenne, l'IRSN développe une
expertise capitale : l'identification de la source d'une
contamination radiologique. En septembre de cette
même année, les réseaux européens alertent : l'air contient
des particules de ruthénium 106. D'où vient-il ?
Pour le découvrir, Olivier Saunier, expert en modélisation
atmosphérique, développe la modélisation
inverse. « Nous avons simulé plusieurs sources possibles
et leurs dispersions atmosphériques respectives »,
décrit-il. Une des simulations coïncide avec les données
de surveillance. Elle pointe une source probable :
l'usine russe de retraitement du combustible Mayak,
dans l'Oural. Un accident majeur est suspecté. « Selon
nos calculs, l'émission devait être massive, constituant
un évènement de niveau cinq sur l'échelle Ines2 », ajoute
Olivier Saunier. Opera mesure quelques dizaines de
µBq/m3
dans l'air dans l'extrême Sud-Est de la France :
à La Seyne-sur-Mer et à Nice. En France, l'impact
sanitaire est négligeable. L'IRSN vérifie désormais la
source de chaque évènement anormal à l'aide de ces
codes de calcul.
Recouper les données
Coopération, soutien... l'invasion de l'Ukraine par la
Russie illustre le rôle de l'Institut auprès de ses partenaires
européens. À partir de mars 2022, la centrale
nucléaire de Zaporijia est au cœur des combats.
© Laurent Zylberman/Graphix-Images/Médiathèque IRSN
© Nicolas Liponne / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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