Repères - N°56 / Janvier 2023 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 15

DOSSIER
en radionucléides autour du futur centre
de stockage profond de déchets radioactifs
Cigéo (Meuse et Haute-Marne).
« Il s'agit de réunir des informations sur un
maximum de radionucléides atmosphériques,
dont les ultra-traces : tritium, plutonium,
strontium, carbone 14 », détaille
Olivier Masson, spécialiste de la surveillance
atmosphérique. Cette collaboration
vise à définir un bruit de fond national
pour ces radionucléides, qui complètent
ceux habituellement mesurés sur les autres
stations Opera.
30 km autour des centrales
Pour renforcer la surveillance de l'atmosphère
près des centrales, l'IRSN met les
données de son réseau Téléray en commun
avec ceux des exploitants. Au total, mille
balises de mesure du rayonnement gamma
ambiant couvrent l'Hexagone, avec un
maillage resserré dans un rayon de trente
kilomètres autour de chaque centrale. Les
données de surveillance sont collectées
en temps réel. À la clé : la possibilité pour
l'Institut d'être plus réactif en cas de rejet
inhabituel.
La logique de partage s'étend à l'échelle
européenne. L'Institut participe activement
au réseau informel Ring of Five
d'alerte et d'échange sur la détection de
radionucléides à l'état de traces dans l'air
(voir webmag). n
1. L'Observatoire permanent de la radioactivité
de l'air compte une cinquantaine de stations,
dont une en Polynésie.
2. Ces filtres mesurent une cinquantaine
de centimètres de côté. Pour l'analyse par
spectrométrie gamma, ils sont compactés
en une galette de 7 cm de diamètre.
3. Laboratoire de métrologie de la radioactivité
de l'environnement (LMRE), Orsay (Essonne).
4. Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies
alternatives (CEA), Saclay (Essonne).
5. Réseau mesurant en temps réel le rayonnement
gamma ambiant.
6. www.irsn.fr/IRSN-COP-2019-2023
7. Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs.
De multiples finalités
AILLEURS
Filtres
Le 15 avril 2019, le toit de Notre-Dame de Paris fond sous la force de l'incendie.
Les filtres des stations Opera aident à cerner la contamination due au plomb volatilisé.
P
rioritairement destinés à la surveillance
de la radioactivité de l'air, les filtres Opera
(lire ci-contre) peuvent avoir d'autres vocations.
Une fois lus - la spectrométrie gamma
est une mesure non destructive -, ils sont
archivés dans une échantillothèque1 au Vésinet
(Yvelines). En 2019, certains sont utilisés pour
la recherche de plomb.
Les 15 et 16 avril de cette même année,
Notre-Dame de Paris est ravagée par les flammes.
L'essentiel de la couverture en plomb du toit fond.
Une partie est émise dans l'air, sous forme
de vapeurs et de particules. « Agrégé à des aérosols,
ce métal peut contaminer la population par
inhalation », précise Gaël Le Roux, biogéochimiste
au Laboratoire d'écologie fonctionnelle
et environnement à Toulouse (Haute-Garonne).
Des scientifiques du CNRS et de l'Université
de Toulouse recourent à l'échantillothèque
pour déterminer la part du plomb rejetée dans
l'atmosphère. L'équipe toulousaine exploite
les filtres de huit stations Opera potentiellement
exposées au panache de l'incendie, à l'ouest
WEBMAGAZINE
INFOGRAPHIE
Le réseau
Ring of Five
suit les traces
www.irsn.fr/R25
et au nord-ouest de Paris. Celle du Vésinet
- située sur sa trajectoire - est déterminante.
Disposant d'un très grand débit, son filtre
est relevé quotidiennement. La station
du Pic du Midi de Bigorre, à plus
de 1 800 mètres d'altitude, sert de référence
(voir infographie p. 11).
« Pendant l'incendie, la concentration
en plomb atteint 1,4 μg/m3
, rapporte
Gaël Le Roux. À partir du 16 avril, elle chute
à 0,01 μg/m3
, sa teneur normale en région
parisienne. » Une centaine de kilogrammes
de métal se seraient volatilisés et auraient
été transportés sur plusieurs dizaines
de kilomètres, concluent les spécialistes2.
Cette estimation est conforme à celle
obtenue par une modélisation de l'Institut
national de l'environnement industriel
et des risques (Ineris).
1. Elle contient 75 000 échantillons.
2. Article en révision pour la revue ACS Earth
and Space Chemistry.
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À LIRE
Étude radiologique
de site Saint-Alban
Saint-Maurice (Isère)
www.irsn.fr/R54
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