Repères - N°56 / Janvier 2023 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 6

FAITS ET PERSPECTIVES
L'installation Diva - Dispositif incendie ventilation et aérocontamination - de l'IRSN
à Cadarache est dédiée à l'étude des incendies. Serge Pons, chargé d'affaires ingénierie,
contrôle les paramètres de ventilation du circuit d'extraction des gaz.
Installations nucléaires
Mieux évaluer le risque incendie
Quels sont les chemins de propagation d'un feu ?
Quelles sont les conséquences si le foyer est en hauteur ? Dans
une installation nucléaire, l'incendie peut causer un accident.
Des recherches pour mieux le comprendre et le maîtriser visent
in fine à l'éviter ou à limiter ses conséquences.
E
n avril 2021, un transformateur s'enflamme
à la centrale de Paluel en
Seine-Maritime, en raison d'un défaut
électrique. Mai 2004, un incendie mettant
en jeu des câbles électriques se produit à
Cattenom, en Moselle, imposant l'arrêt du
réacteur numéro 2. Si ces événements n'ont
pas eu de conséquence majeure ni pour la
sûreté, ni pour l'homme et l'environnement,
l'incendie est aujourd'hui identifié
comme une des principales sources d'accident
dans les installations nucléaires. Il est
donc redouté.
Des feux complexes
En 2022, vient de s'achever le programme
de recherche international Prisme 3, mené
pendant cinq ans pour mieux appréhender
ce risque et faire progresser les connaissances.
Ses résultats servent aux experts
qui évaluent le risque incendie dans les
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installations et les dispositions prises à cet
égard par les exploitants.
Un incendie dans une installation nucléaire
a des caractéristiques spécifiques. En cause,
l'indispensable garantie du confinement de
la radioactivité et les apports en oxygène
limités. Les feux survenant dans ces conditions
sont complexes à appréhender. Effets
de pression en local confiné, ré-inflammation
des produits de la combustion...
les risques associés sont particuliers. Les
outils de simulation classiques ne suffisent
pas à modéliser la propagation d'un feu.
Autre spécificité : dans une centrale, des
câbles électriques parcourent plusieurs
centaines de kilomètres - dans les galeries
techniques, les salles de commande, etc. -
constituant une quantité très significative
de matériau inflammable. Ils peuvent être à
l'origine d'un départ de feu et se comporter
comme un vecteur de l'incendie. C'est
ce qui s'est produit en 1975, à la centrale
américaine de Browns Ferry, où plus de
1 600 câbles endommagés conduisent à
l'arrêt d'un des réacteurs. En France, une
centaine de départs de feu ayant comme
origine un court-circuit ou une surchauffe
de câble se sont produits dans les centrales
entre 2018 et 2020.
Chemin de propagation
Le programme de recherche Prisme 3
porte sur l'étude des incendies et de leurs
vecteurs de propagation dans les locaux
confinés et ventilés typiques d'une installation.
Les expérimentations sont réalisées
par le Laboratoire d'expérimentation
des feux (LEF) - à Cadarache dans les
Bouches-du-Rhône -, dans les installations
de la plateforme Galaxie. Des chercheurs
et des doctorants y conduisent des
expériences mettant en jeu des locaux
de grandes dimensions équipés de plusieurs
centaines de capteurs, de caméras
vidéo, de balances, de mesures de gaz... Ils
suivent en temps réel le développement
du feu.
Parmi les thèmes étudiés : la stratification et
la propagation des fumées lors d'un incendie
dans une installation multi-compartiments1,
Ces bobines, dites de thermocouples, servent à mesurer la température
lors d'un essai de feu dans l'installation Diva.
© Philippe Dureuil/Médiathèque IRSN
© Philippe Dureuil/Médiathèque IRSN

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