Repères - N°56 / Janvier 2023 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 8

FAITS ET PERSPECTIVES
Concernant le risque
incendie, comment
le dossier de l'exploitant
est-il expertisé ?
Florent-Frédéric Vigroux, technicien, contrôle
des commandes sur un dispositif d'étude
des feux des câbles électriques. Au second plan,
deux expérimentateurs vérifient le dispositif.
« Nous déterminons des vitesses de propagation
deux à trois fois supérieures à celles
classiquement utilisées dans les milieux académiques
ou industriels », indique Jérémy
Seguillon, ingénieur-chercheur en incendie.
Ces différences peuvent affecter l'évaluation
des conséquences de scénarios considérés
dans les démonstrations de sûreté. Ces essais
questionnent la suffisance des moyens mis
en place par l'exploitant pour justifier la
maîtrise du risque.
Toutes ces données alimentent les outils de
simulation de l'IRSN et améliorent la fiabilité
des résultats fournis comme l'étendue des
situations envisagées. n
1. Campagne S3, Smoke Stratification and Spread.
2. Campagne ECFS, Electrical Cabinet Fire Spread.
3. Campagne CFP, Cable Fire Propagation.
4. Ce guide fournit une méthodologie d'élaboration
des analyses probabilistes des risques d'incendie
dans les centrales nucléaires. Il date de 2005
et a été développé conjointement par
un consortium d'industriels américains (EPRI)
et l'Autorité de sûreté américaine (US NRC).
5. Scénario des conséquences les plus importantes,
représentatif d'un ensemble de scénarios.
Pour en savoir plus :
Le programme Prisme
www.irsn.fr/Programme-Prisme
WEBMAGAZINE
À LIRE
Des expériences
sur des câbles
électriques
www.irsn.fr/R52
Page 8 - Repères N° 56 - janvier 2023
Situé à la frontière franco-suisse,
le grand collisionneur de hadrons (LHC)
a un risque élevé de feu sur les câbles électriques.
AILLEURS
Le risque incendie au Cern
Le Conseil européen pour la recherche
nucléaire (Cern) possède l'accélérateur
de particules le plus puissant du monde,
le grand collisionneur de hadrons, LHC.
Pour desservir ses systèmes électroniques
et électriques, environ 300 km d'échelles
à câbles parcourent 80 km de souterrains.
Les incendies électriques sont redoutés.
« Il est crucial de savoir comment ils se
développent dans un milieu confiné »,
observe Fabio Corsanego, ingénieur à l'unité
centrale de sécurité. Des dispositifs
de sécurité sont élaborés selon des principes
de sécurité incendie, validés par
des programmes de recherche, tel Prisme 3,
conduit par l'IRSN. « L'installation Diva
de l'Institut [à Cadarache, voir webmagazine]
simule un environnement similaire à celui
du Cern : les espaces confinés et la ventilation
limitée », illustre Oriol Rios, physicien,
spécialiste en simulations dynamiques
d'incendie. « Les données nous aident
à développer des modèles plus précis. »
Une collaboration entre le Cern et l'IRSN
démarre. Les objectifs d'amélioration
des connaissances sont communs.
Pour expertiser sa représentation
d'un incendie, nous vérifions
ses calculs et modélisations.
Dans le cas d'un départ de feu
dans un local, il doit évaluer si
celui-ci agressera des éléments
ayant une fonction de sûreté :
une vanne, des câbles, etc.
Il recourt alors à des calculs
de modélisation. Nous étudions
si le code est adapté au
problème posé : la vitesse
de propagation est-elle
correcte ? Les températures
sont-elles pertinentes au regard
du scénario examiné ? etc.
Utilisez-vous les résultats
de Prisme ?
Les résultats expérimentaux
- dont ceux du programme
Prisme - nous aident
notamment à déterminer
comment modéliser les foyers
de câbles ou d'armoire : quelle
puissance de feu choisir, quels
matériaux considérer, etc.
Les données tirées d'essais
physiques sont utiles.
Les exploitants participent
parfois à ces essais. Nous
échangeons sur la façon
de les employer, les critères
à retenir, les réactions
des différents équipements
au flux thermique...
3 questions à...
Raphaël Meyrand
Chargé d'évaluation de la maîtrise des risques,
spécialiste incendie et explosion à l'IRSN
Quel exemple récent ?
En 2019, notre avis divergeait
de celui d'EDF sur
la problématique des feux
d'armoires électriques. Quand
l'une s'embrase, l'incendie
se propage-t-il ou non aux
armoires adjacentes et dans
quelles conditions ?
L'exploitant retient parmi ses
critères la présence d'une lame
d'air entre deux équipements
d'une même rangée. Mais il ne
quantifie pas cet écartement.
Les essais de Prisme 3
abordent cette question
(voir infographie p. 7).
Il s'avère que
la propagation est
possible malgré
un écartement
visible entre
les deux armoires.
© Philippe Dureuil/Médiathèque IRSN
© CERN/ Brice, Maximilien
© Coll privée
http://www.irsn.fr/Programme-Prisme https://www.nxtbook.com/abgcomm/reperes/Reperes52/index.php#/p/22 http://www.irsn.fr/R52
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