Aires Marines Protégées n°41 le marin du 30 août 2018 - 3

L'aire marine éducative
de Saint-Leu

En 2016, la classe de CM2 fait partie des premières
à se lancer dans l'aventure des aires marines éducatives. Toute l'année est consacrée au projet. Une expérience qui fait envie. « Quand j'étais en CM1, j'avais
envie d'être dans cette classe et de savoir toutes ces
choses sur la mer », se souvient Félicie, 10 ans. Après
avoir passé un an à travailler sur « son » aire marine
éducative, l'enthousiasme n'est pas retombé. « C'est
la première fois que je fais un projet aussi intéressant,
assure-t-elle. On a fait des suivis avec une association
pour compter les poissons et savoir comment les
protéger. On a développé un projet pour replanter le
littoral, pour aider les tortues à pondre. On a fait des
pourcentages avec la maîtresse, après avoir ramassé
et trié les déchets, pour comparer les résultats avec
ceux de l'année dernière », se souvient l'élève.
Sa classe a aussi écrit des lettres aux autorités,
participé à un conte écrit en commun avec l'AME
de Bonifacio, fait du « land art » avec une artiste
japonaise et s'est même lancée sur twitter. « J'ai été
très agréablement surprise, on a des enfants qui se
sont impliqués à 300 % dès la première année », se
souvient Tévamie Rungassamy, adjointe à la cellule
scientiﬁque de la réserve marine de La Réunion, qui

a tenu le rôle de référente auprès de la classe. « Les
suivis qu'ils ont réalisés permettent de sortir des informations. Ces informations amènent les élèves à faire
des choix de mesures de gestion et de propositions
d'aménagement », souligne-t-elle. Des propositions
qui peuvent se concrétiser, avec l'appui de la municipalité. C'est le cas, par exemple, de la lutte contre
les mégots de cigarette abandonnés sur le sable.
« Les élèves ont repéré ce déchet et se sont dit qu'ils
allaient s'en occuper. Au début, ils voulaient mettre
en place un panneau et puis ils ont décidé d'agir
directement à la source, plutôt que d'avoir à réparer
et à soigner. Les élus y ont été sensibles et l'année
suivante, un arrêté d'interdiction de fumer sur la zone
AME de Saint-Leu a été pris. » C'est ce travail dans la
durée qui permet aux projets d'aboutir. L'année prochaine, les élèves de Véronique Léandre vont pouvoir installer les plantes que leurs vingt-huit prédécesseurs ont fait pousser dans la pépinière qu'ils ont
créée. « Ils n'ont pas l'impression de travailler, alors
qu'ils développent je ne sais combien de connaissances, constate-t-elle. On sort des pratiques d'enseignement où le savoir est dispensé par le maître à des
élèves qui écoutent. Ce sont eux qui portent le projet,
qui sont décisionnaires. Même si on va sur la plage,
on travaille. Ils sont obligés d'être actifs, de travailler
ensemble ». Pour l'enseignante, qui a basé tous ses
supports pédagogiques sur le projet, cela représente
un investissement de temps important. Un travail
qui vaut largement le coup selon elle. « La classe est
vivante, les élèves impliqués. Lors du vernissage de
notre exposition, j'ai demandé des volontaires pour
venir chanter. Ils sont tous venus. Pour eux, c'était
important ».

Antonin Guilbert / AFB

Deux expositions, la création d'une
pépinière pour végétaliser le haut de la
plage, passer l'aire marine en zone nonfumeur... Ce ne sont que quelques-unes
des réalisations des élèves de l'école de
Saint-Leu, à La Réunion.

Grande nacre Pinna nobilis dans un herbier de
posidonies Posidonia oceanica.

Menace sur
la grande nacre
de Méditerranée
Une forte mortalité de grandes nacres a
été constatée depuis le mois de juillet dans
le Parc naturel marin du golfe du Lion et
la Réserve naturelle marine de CerbèreBanyuls. Celle-ci est due à la présence d'un
parasite déjà identiﬁé comme responsable
d'une véritable hécatombe en Espagne et
en Italie, parasite qui a également généré
une importante mortalité de l'espèce
dans le golfe d'Ajaccio en ﬁn d'année
2017. Endémique et emblématique de la
biodiversité de Méditerranée, la grande
nacre est protégée. Un plan d'action est à
l'étude.

703
c'est le nombre de communes qui vont
bénéﬁcier d'un soutien ﬁnancier de
l'AFB aﬁn de lancer la démarche d'atlas
de la biodiversité communale (ABC).
1 000 communes avaient candidaté à l'appel
à projets. Les ABC permettent de réaliser
un inventaire de la biodiversité et la mise
en place d'actions de gestion à l'échelle
de la commune, en faisant participer les
habitants.

Véronique Léandre

La rentrée dans les parcs

Découverte des fonds marins pour ces élèves de l'aire marine éducative de Saint-Leu.

En poste jusque-là au parc national de
Guadeloupe, Hervé Magnin a pris la
direction déléguée du parc naturel marin
du golfe du Lion. Aude Brador est directrice
déléguée de celui de Martinique, après avoir
quitté la direction de l'environnement de la
Communauté d'Agglomération de l'Espace
Sud Martinique. À noter, en marge des parcs,
qu'Agoa, le sanctuaire de mammifères
marins aux Antilles, accueille Amalia
Harismendy comme déléguée du sanctuaire.
Elle arrive de la direction départementale
des territoires et de la mer du Pas de Calais.

l'aire marine / numéro 41 / août 2018

Table des matières de la publication Aires Marines Protégées n°41 le marin du 30 août 2018