Aires Marines Protégées n°45 le marin du 18 juillet 2019 - 1

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Sauvegarder la posidonie
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Ancrez sans frapper
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Benjamin Guichard / Agence française pour la biodiversité

L'alimentation des phoques à la loupe

Phoque gris et veau marin au repos sur une plage du Parc naturel marin estuaires picards et mer d'Opale.

« Éco-phoques », une étude sur
le comportement alimentaire des
phoques de la baie de Somme et de la
baie d'Authie, a passé le menu de ces
mammifères marins à la loupe.

es colonies de phoques veaux-marins et de
phoques gris se portent bien autour de la baie
de Somme. Mais, localement, des inquiétudes se font jour. Les phoques pourraient
être en concurrence avec la pêche.
« Il y avait une nécessité d'acquérir plus de
connaissances, souligne Carole Perron, chargée de
mission patrimoine naturel au Parc naturel marin
des estuaires picards et de la mer d'Opale. Nous
n'avions pas de chiffres exacts du nombre d'individus
ni d'informations suffisantes sur leur régime alimentaire. Il y avait une perception différente entre les

acteurs, d'où le besoin d'avoir des bases scientifiques
solides. »
L'étude a été lancée en 2015 par les chercheurs du
Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC-CNRS),
avec l'appui d'associations locales. Des comptages
simultanés ont été réalisés. Jusqu'à 402 phoques
gris et 709 phoques veaux-marins ont été recensés
en 2016 et 2017, de la frontière belge jusqu'à la baie
de Somme.
« Les chiffres montrent une augmentation des effectifs
alors que les populations avaient pratiquement disparu au siècle dernier. Celle de phoques veaux-marins a
ainsi crû de plus de 10 % en moyenne par an dans la
baie de Somme entre 1990 et 2017 », pointe Carole
Perron. Des balises ont permis de déterminer que les
veaux-marins passent 88 % de leur temps dans le
Parc, à la différence du phoque gris. « Certains individus vont parcourir plusieurs centaines de kilomètres,
d'autres restent près de la côte, dans les mêmes zones
que les veaux-marins », indique Yann Planque, doctorant au CEBC-CNRS, qui a pris part à l'étude.

Une analyse des proies des phoques a été réalisée
en étudiant les déjections des mammifères. L'étude
des otolithes, concrétions minérales de l'oreille interne des poissons, a permis de déterminer quelles
espèces et quelles tailles de poisson sont prisées des
phoques.
« 85 % de l'alimentation des phoques veaux-marins est constituée de poissons plats, décrypte Yann
Planque. Quant aux phoques gris, ils se nourrissent
aussi de poissons plats (61 %), surtout au printempsété (90 %). En hiver, on retrouve le hareng et l'encornet aux côtés des poissons plats. C'est cohérent avec
les zones de chasse. »
Le bar est absent du régime alimentaire des phoques
de cette zone. « Nous avons pu déterminer que les
deux populations de phoques ont consommé 750
tonnes de proies chacune en 2017, indique le chercheur. Mais ces proies ne sont pas toutes prélevées
dans la baie de Somme. » De nouvelles données précises sur l'étendue des territoires de chasse sont en
cours d'acquisition, pour une nouvelle étude.

Aires Marines Protégées n°45 le marin du 18 juillet 2019

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