Aires Marines Protégées n°34 le marin du 23 septembre 2016 - 2

DOSSIER Sensibilisation à la carte L L. Viera / Agence des aires marines protégées a sensibilisation est l'un des axes majeurs du projet européen Life Pêche à pied de loisir. Elle a été déclinée à partir d'un socle commun, selon différentes modalités, pour s'adapter au mieux aux spéciﬁcités du contexte local. Un agent du parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale mène l'enquête sur la plage de Quend. « La manière dont le Life a été durer », explique Gaëlle Amice, conçu, notamment son mode coordinatrice du Life pour de gouvernance, vise à l'Agence des aires maencourager les acteurs rines protégées. Médiateur de la pêche à pied de Dans le territoire du de l'estran loisir à être force de golfe normand-breton, proposition. L'objectif certains partenaires est d'adapter les actions ont ainsi souhaité créer mises en place, au contexte un poste de « médiateur de local, mais aussi pour les faire perl'estran ». « Financé par l'Agence " On n'a jamais vu un jardinier déde l'eau Seine Normandie, l'Agence truire son jardin ! Cependant, il des aires marines protégées et est vrai que les informations sont l'association Avril, il est consacré peu disponibles. À la FNPPSF, nous pour moitié à la pêche à pied, n'avons pas attendu le Life pour pour moitié à d'autres sujets tels mener des actions de sensibilisales sciences participatives », tion, mais ce projet européen nous explique Margaux Pinel, de a donné les moyens de les dévelopl'Agence des aires marines proper. » Par exemple, depuis 2015, tégées, coordinatrice du Life deux pages sont consacrées au sur ce territoire. « Il a permis de Life dans la revue trimestrielle conforter les partenariats locaux de la fédération, distribuée à et d'accroître l'autonomie des ses quelque 30 000 adhérents. partenaires », ajoute-t-elle. Elle a aussi édité des guides, Stéphanie Brulé-Josso, distribués à plus d'un ethnologue, est chargée million d'exemplaires. d'évaluer la sensibilisation directe sur Compétences « L'expérience de la FNPPSF a proﬁté aux l'estran. « Beaucoup de spéciﬁques autres partenaires du sensibilisateurs appréLife, pour élaborer des ouhendent d' aborder les tils de communication », prépêcheurs sur le terrain. Ils cise Gaëlle Amice. craignent de déranger, ou d'être « Les ﬁnancements du Life confondus avec un contrôleur. nous ont aussi permis de mettre Cela laisse entrevoir l'importance en œuvre un protocole de suivi de posséder des compétences des palourdes dans plusieurs spéciﬁques. » « Cependant, resites, du Cotentin aux Chaprend-elle, les équipes de sensibirentes », poursuit Jean Kiffer. lisation sont bien accueillies. Les « Les bénévoles pêcheurs à pied gens sont touchés par ce « don » de nos associations se sont énord'informations, matérialisé par mément impliqués dans cette la réglette qui leur permet de étude qui est amenée à se pourmesurer leurs prises. Parfois, les suivre car pour tirer des concluéchanges vont au-delà des quessions, il faut au moins cinq ans tions de réglementation pour de suivi. » «L'un des autres bénéaborder la sécurité, l'état de la ﬁces du Life, conclut Jean Kiffer, ressource ... » c'est que les réunions ont permis « Les pêcheurs à pied de loisir aux acteurs concernés par cette ont à cœur de bien gérer la resactivité de mieux se connaître. source, insiste Jean Kiffer, préNous avons appris à nous parler, sident de la Fédération natiomême si on n'est pas toujours nale des pêcheurs plaisanciers d'accord ! » et sportifs de France (FNPPSF). La pédagogie peut faire évoluer les choses Quelle est l'importance de la pêche à pied récréative en France ? DR Jean-Baptiste Bonnin, directeur du CPIE Marennes-Oléron (Iodde) On estime à deux millions les pêcheurs à pied de loisir en métropole, ce qui en fait un élément important de notre culture nationale ! Leur nombre a beaucoup augmenté depuis une soixantaine d'années, et ce public s'est sensiblement transformé. À l'époque, cette activité était presque exclusivement pratiquée par les habitants du littoral. Aujourd'hui, elle concerne surtout des touristes, dont une grande part de novices. Cela a fait émerger certains besoins, en matière de sensibilisation aux bonnes pratiques et de suivi de la pression de pêche, notamment. Quels sont les bénéﬁces constatés du projet Life Pêche à pied de loisir ? Dans notre région, très concernée par cette activité, il est difﬁcile de faire la part des résultats du Life et de ceux de la démarche que nous avons menée antérieurement, dès 2004. Cependant, on note un apaisement des relations entre pêcheurs à pied de loisir et professionnels, et une meilleure compréhension par les acteurs touristiques de la nécessité l'aire marine / numéro 34 / septembre 2016 " de sensibiliser les usagers à la bonne gestion de la ressource. Surtout, les pratiques évoluent : la proportion de roches non remises en place a baissé de 40 % à 5 %. La connaissance et le respect de la réglementation se sont aussi nettement améliorés. Cela démontre que la pédagogie peut faire évoluer les choses ! Y a-t-il des aspects sur lesquels vous êtes plus critique ? La difﬁculté de ce projet, c'est sa lourdeur administrative. Cela devrait s'améliorer dans les prolongements du Life prévus par les structures locales.

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