Aires Marines Protégées n°34 le marin du 23 septembre 2016 - 4

Grand inventaire à la Martinique Du 6 septembre au 11 octobre se déroule en Martinique l'expédition Madibenthos, inventaire de la faune et de la ﬂore marine des côtes martiniquaises, mené par le Muséum national d'Histoire naturelle. N. Michez / MNHN / Madibenthos Cinquante scientiﬁques sur le terrain, treize pays représentés, une dizaine de techniques différentes mises en œuvre pour échantillonner algues et invertébrés benthiques (vivant sur le fond), du rivage jusqu'à 120 mètres de profondeur, sur l'ensemble des côtes et dans tous les habitats de Martinique... Madibenthos est une opération d'envergure, au déroulement parfaitement rodé. « À leur sortie de l'eau, les échantillons sont dirigés vers le laboratoire, installé pour l'occasion au fort Saint-Louis, base navale des forces armées aux Antilles. Là, ils sont triés par grands groupes zoologiques, et en fonction de leur taille. Certains sont photographiés, des échantillons de tissu et d'ADN sont prélevés, puis les spécimens sont conditionnés pour être conservés », détaille Philippe Bouchet, professeur au Muséum, chef de l'expédition et instigateur de nombreuses opérations analogues, dans les Dom-Tom, aux Philippines, au Vanuatu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée... « L'exploitation des données ne commencera véritablement que quatre à cinq mois après l'expédition, lorsque nous serons en mesure de dispatcher les échan- Brossage de blocs en plongée. tillons aux spécialistes capables de les identiﬁer et, le cas échéant, de décrire les espèces inconnues », reprend-il. Les découvertes pourraient être au rendez-vous. « Les espèces marines sont très nombreuses dans les régions tropicales, explique-t-il. Il y a en a probablement plus en Martinique que dans toute la Méditerranée ! Les connaissances, en revanche, sont lacunaires, hormis pour certains groupes, comme les poissons et les coraux. Nous pouvons donc espérer trouver un grand nombre d'espèces nouvelles. » Madibenthos est aussi une expédition pour les Martiniquais. « Nous y avons beaucoup travaillé », conﬁe Sophie Brugneaux, de l'Agence des aires marines protégées. Expositions photographiques, animations sur Internet, animations pédagogiques adressées aux scolaires (journées portes ouvertes au laboratoire, visite de classes, supports pédagogiques) et ﬁlms documentaires sur l'expédition, tout a été conçu pour faire participer le plus grand nombre. « Les résultats techniques doivent aussi correspondre aux besoins des gestionnaires et décideurs martiniquais », ajoute Sophie Brugneaux. Ce projet est l'un des neuf qui composent le programme Acquimart (Acquisition de connaissances sur le milieu marin en Martinique). Établi de manière collégiale par un comité de pilotage animé par l'Agence des aires marines protégées, réunissant la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement, la Direction de la mer, la Collectivité territoriale et l'Ofﬁce de l'eau de la Martinique, il comprend notamment des études sur les requins et les raies, les mangroves, les oiseaux marins, les maladies touchant les organismes marins et des projets de sensibilisation des populations à la fragilité du milieu. « Les connaissances produites sont essentielles, en particulier dans le contexte du projet de création d'un parc naturel marin, rappelle François Colas, chef de la mission d'étude pour un parc naturel marin en Martinique. Pour bien gérer, il faut avoir une idée de l'état de santé du milieu naturel. Cela passe par la connaissance des espèces. » L'Agence au congrès mondial de l'UICN L'Agence des aires marines protégées était présente au congrès de l'Union internationale pour la Conservation de la nature (UICN) à Hawaï du 1er au 10 septembre 2016. « Ce congrès a lieu tous les quatre ans. Il permet de faire l'état des lieux des avancées et des besoins pour atteindre les objectifs de protection de la nature », explique François Simard, directeur adjoint du programme Milieu marin et polaire à l'UICN. Un des sujets les plus discuté est celui des aires marines protégées et de leur mise en réseau pour atteindre les objectifs d'Aïchi en 2020, c'est-à-dire la protection efﬁcace de 10 % de l'océan mondial. Les États-Unis ont annoncé leur décision d'étendre le monument national marin Papah naumoku kea, qui devient la plus grande aire protégée de la planète. La Polynésie française, a, dans la foulée, annoncé la création prochaine de la plus grande « aire marine gérée » au monde, qui couvrirait toute la zone économique exclusive du pays. Autre initiative polynésienne, le concept d'aires marines éducatives, qui permet à des enfants de gérer une baie à proximité de leur école, a suscité un engouement important.. Un rapport publié par l'UICN a réafﬁrmé l'impact dramatique du réchauffement climatique sur les océans et la nécessité de mettre en place un plan d'urgence d'envergure, notamment pour protéger juridiquement la haute mer, et pour étendre et renforcer le réseau mondial d'aires marines protégées. « L'Agence des aires marines protégées a présenté plusieurs projets, notamment le sanctuaire Agoa et son extension dans la Caraïbe, le projet Resccue - Restauration des services écosystémiques et adaptation au changement climatique- dans le Paciﬁque sud, ou encore la désignation de certains sites en haute mer au patrimoine mondial de l'Unesco », détaille Christophe Lefebvre, chargé des relations internationales pour l'Agence des aires marines protégées. Plainte contre Karujet : suite La SARL Karujet, course de jet-ski autour de la Guadeloupe, ainsi que son gérant, ont été mis en examen en avril dernier suite à une plainte déposée par l'Agence des aires marines protégées en 2012. Cette année-là, la compétition s'était déroulée dans le périmètre du sanctuaire pour les mammifères marins Agoa et dans le parc national de la Guadeloupe. L'Agence des aires marines protégées avait déposé une plainte auprès du tribunal de grande instance de Pointe-à-Pitre pour « exercice interdit au cœur d'un parc national (...), organisation non autorisée de manifestation sportive ou culturelle et trouble volontaire des animaux au cœur d'un parc national ». Cette mise en examen ouvre la possibilité au juge d'instruction de renvoyer l'affaire devant le tribunal correctionnel d'ici la ﬁn de l'année 2016, pour un jugement ﬁn 2017. Une consultation stratégique Le projet de stratégie nationale pour la mer et le littoral, dont l'adoption par décret est prévue d'ici la ﬁn 2016, est soumis à la consultation du public jusqu'au 4 octobre. Le projet vise la transition écologique de la mer et du littoral, le développement de l'économie bleue, le bon état écologique du milieu marin et la préservation d'un littoral attractif, et le rayonnement de la France. Il intègre la stratégie nationale pour les aires marines protégées comme une des composantes du développement de territoires maritimes durables et résilients. Il mentionne également les zones de protection renforcées comme une des priorités des six ans à venir. www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr États généraux en Nouvelle-Calédonie Le Cluster maritime Nouvelle-Calédonie a organisé les 5 et 6 juillet ses premiers États généraux de la mer. Environ 150 personnes ont participé aux échanges. Parmi eux, des élus, le président du Cluster maritime français, celui de Polynésie, et l'ambassadeur français pour les océans, Serge Segura. L'Agence des aires marines protégées était impliquée, notamment à travers la préparation d'un atelier sur la planiﬁcation spatiale marine. Directeur de la publication : Loic Laisné Rédactrice en chef : Agnès Poiret Secrétaire de rédaction : Marie Lescroart Ont participé à ce numéro : M. Morineaux, A. Eynaudi, L. Gardes, R. Lucas, O. Laroussinie. Agence des aires marines protégées : 16, quai de la Douane CS 42932 / 29 229 Brest cedex 2 Tél. 02 98 33 87 67 www.aires-marines.fr l'aire marine / numéro 34 / septembre 2016 http://www.consultations-publiques.deve http://loppement-durable.gouv.fr http://www.aires-marines.fr

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