Aires Marines Protégées n°49 le marin du 8 octobre 2020 - 3

Bon plan pour le puffin

Le puﬃn des Baléares ne niche que dans les îles
du même nom. « Y compris à l'état de fossile, nous
n'avons jamais trouvé cette espèce ailleurs qu'aux Baléares », pointe Pierre Yesou, ornithologue spécialiste des oiseaux marins. Après l'arrivée de l'homme
- accompagné de nombreux prédateurs -, l'oiseau
s'est réfugié dans des falaises inaccessibles, et sa population a fortement diminué. « Il existe aujourd'hui
7 200 couples, qui pondent un œuf par an qui ne
donne pas systématiquement un jeune, souligne
l'expert. Si nous avons du mal à quantiﬁer précisément la régression de la population, nous pouvons
toutefois aﬃrmer que l'espèce est en fort déclin. »
Aux dangers de prédation à terre s'ajoutent des
risques liés aux captures accidentelles par les pêcheurs, aux éoliennes ou aux activités de loisirs.
La France a aussi une forte responsabilité dans la
conservation de cette espèce : elle accueille dans
ses eaux environ un tiers de la population mondiale
de ce puﬃn, en quête de températures plus froides
pour y trouver de la nourriture.
« Nous avons souhaité initier un plan national d'actions (PNA) pour créer une dynamique d'acteurs
autour du statut critique de l'espèce et construire ensemble une véritable stratégie de restauration de sa
population, souligne Mathieu Entraygues, chargé de
mission oiseaux marins au sein de l'OFB, opérateur
du PNA. La France va enﬁn se doter d'un programme
opérationnel, concerté et cohérent à l'échelle nationale pour réduire les pressions qui s'exercent sur
l'espèce. »

La Dreal Bretagne, région la plus concernée, est en
charge du pilotage. « Un PNA est cadré dans le code
de l'environnement. Les espèces pouvant y prétendre
sont répertoriées dans une liste proposée par le Muséum d'histoire naturelle et validée par le ministère
de la Transition écologique », indique Michel Ledard,
référent milieu marin à la Dreal Bretagne. Une des
forces du PNA est de réunir l'ensemble des acteurs
concernés, publics, privés et associatifs.
« Cette dynamique de tous les acteurs est très importante pour avancer d'un même rythme », remarque
François Gatel, directeur de l'Association du grand
littoral atlantique (Aglia). L'Aglia portera un des projets de ce PNA avec l'appui des comités régionaux
des pêches de Bretagne, d'Occitanie et des Pays
de la Loire. Grâce au soutien ﬁnancier des sociétés
en charge des projets éoliens en mer de l'île d'Yeu,
de Noirmoutier, du banc de Guérande et du fonds
européen pour les aﬀaires maritimes et la pêche
(Feamp), une campagne inédite d'observation sur
des sites pilotes sera lancée aﬁn d'évaluer et quantiﬁer les interactions entre les puﬃns et les navires de
pêche. « Pendant 18 mois, nous allons nous concentrer sur la collecte de données. Elles seront analysées, puis des solutions seront proposées lors d'une
seconde phase du projet », précise François Gatel.
Des mesures concrètes de réduction des impacts
seront ensuite déﬁnies. Par ailleurs, des mesures
réglementaires de protection pourraient être
proposées.
Dans le cadre de ce PNA, des projets ont également
été déposés sur l'étude du régime alimentaire et
l'évaluation du taux de contamination des pufﬁns des Baléares. Des partenariats internationaux
seront aussi mis en place avec l'ensemble des pays
concernés pour apporter une réponse collective au
risque d'extinction de l'espèce.

Benjamin Guichard / OFB

Le puffin des Baléares, l'oiseau marin
le plus menacé d'Europe, peut enﬁn
bénéﬁcier d'un plan national d'actions.

Balisage.

Ce phoque gris de
Saint-Pierre et Miquelon conservera sa balise
jusqu'à la prochaine mue. Il a été équipé
de ce capteur de données en septembre
dans le cadre du projet Copemam, auquel
collabore l'OFB. Ce projet a pour objectif de
mieux comprendre les interactions entre
pêche et mammifères marins dans l'archipel,
notamment en étudiant les zones de chasse
des phoques et les échanges avec les
colonies canadiennes.

Une

espèce vivante sur cinq
présente un risque de disparition à moyen
terme au niveau national. Ce risque est
supérieur dans les territoires ultramarins
insulaires (23 %) comparés à la métropole
(12 %). Cet indicateur de l'Observatoire
national de la biodiversité a été récemment
mis à jour suite à de nouveaux travaux sur
la Martinique réalisés dans le cadre de la
liste rouge nationale de l'UICN des espèces
menacées.

Le puﬃn des Baléares est l'oiseau le plus menacé d'Europe.

Création : Florence Labous Shom - Photographie : (c) Shom

Mickaël Buanic / Oﬃce français de la biodiversité

Le colloque Mérigéo

Le colloque MerIgéo s'adapte à la crise sanitaire. Il se tiendra du 24 au 26 novembre sous
forme de web conférence.

l'aire marine / numéro 49 / oc tobre 2020

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