Aires Marines Protégées n°52 le marin du 20 mai 2021 - 2

Aires protégées : une nouvelle stratégie globale

La stratégie nationale aires protégées 2030 couvre
pour la première fois les espaces terrestres et marins.
«  C'est une vraie avancée qu'attendaient nombre
d'acteurs. Elle offre une vision globale et permettra
de renforcer la prise en compte des enjeux de gestion intégrée terre-mer », analyse Sophie-Dorothée
Duron, adjointe du directeur de l'eau et de la biodiversité au sein du ministère de la Transition écologique. Pour les trois ans qui viennent, 11 millions
d'euros supplémentaires pour les aires protégées
ont été inscrits dans les projets de loi de finances et
60 millions d'euros leur seront dévolus dans le cadre
du plan de relance. Un effort financier inédit auquel
s'ajoute le maintien de 40 postes au profit des gestionnaires d'aires protégées.
Parmi les grands objectifs figure la mise en œuvre
de zones de protection forte (1). Toutes les aires
protégées françaises sont appelées à y participer.
« Dans le plan d'actions de la stratégie, il est prévu
d'évaluer les 10 % de protection forte sur une base
écorégionale, pointe François Gauthiez directeur de
l'appui aux stratégies pour la biodiversité à l'OFB.
Un rendez-vous est fixé dans trois ans et il scrutera
les protections fortes mises en place par écorégions. »
La sélection de ces zones doit être rapidement
menée. « Le parc naturel marin de l'Estuaire de la
Gironde et de la mer des Pertuis a prévu sur deux ans
une action approfondie pour identifier les zones de
protection forte, c'est ce type d'action qu'il faudra
mener partout », ajoute-t-il. La stratégie s'attache
à mettre en œuvre des objectifs et des actions clairement définis. « C'est l'autre nouveauté de cette
stratégie, explique Sophie-Dorothée Duron. Elle

Une nouvelle stratégie Aires protégées pour les espaces marins et terrestres. Un cap pour 2030.

s'accompagne de cibles et d'actions concrètes, ce qui
n'était pas le cas des stratégies précédentes. Elle est
construite pour être évaluable, avec des indicateurs
bien définis. »
« La quantité - la superficie des aires protégées - doit
aller de pair avec la qualité, l'efficacité de la gestion
ainsi que la représentativité écologique du réseau
d'aires protégées, complète Maud Lelièvre, présidente du comité français de l'UICN. Cette qualité
doit effectivement être améliorée. L'UICN propose
pour cela une méthodologie, la Liste verte des aires
protégées, pour accompagner les gestionnaires. »
Au-delà des aires protégées, le plan d'actions prévoit
d'assurer la reconnaissance d'outils de planification

et de gestion. « Il s'agit d'identifier des sites qui ne
sont pas des aires protégées mais qui obtiennent des
résultats positifs et durables pour la conservation,
souligne-t-elle. Le comité français de l'UICN est volontaire pour identifier ces outils en France. »
* Une zone de protection forte est « une zone géographique dans laquelle les pressions engendrées par les
activités humaines susceptibles de compromettre la
conservation des enjeux écologiques de cet espace, sont
supprimées ou significativement limitées, et ce de manière pérenne, grâce à la mise en œuvre d'une protection foncière ou d'une réglementation adaptée associée
à un contrôle effectif des activités concernées ».

Il faut apporter des réponses opérationnelles
Damien Valente / Terra

3 questions à...

Bérangère Abba
Secrétaire d'État auprès de
la ministre de la Transition
écologique, chargée de la
biodiversité.

Xavier Desmier

La France protégera au moins 30 %
de son territoire terrestre et marin d'ici
à 2030, avec 10 % placés sous
« protection forte ».

Quelles sont vos priorités pour
la mise en œuvre de la nouvelle
stratégie nationale aires protégées
en mer ?
Cette stratégie est construite sur la
continuité écologique terre-mer afin
de constituer un réseau cohérent
d'aires protégées. Cette approche
suscitera des réponses opérationnelles pour préserver la qualité
des eaux marines en agissant sur
l'amont des cours d'eau, pour
protéger et restaurer le bon état
écologique des écosystèmes marins,
et pour accompagner l'évolution
des pratiques dans les aires marines
protégées.

l'aire marine / numéro 52 / mai 2021

Quels sont les accompagnements
prévus pour les usagers de la mer ?
Cette stratégie sera territorialisée
pour mobiliser tous les acteurs,
dont les usagers de la mer. Les AMP
sont des lieux pilotes pour rendre
les pratiques durables. Des moyens
dédiés leur sont consacrés : 10 millions d'euros supplémentaires sont
inscrits dans la loi de finances 2021
pour les aires protégées. Le plan
France relance a fléché 19 millions
en faveur des parcs naturels marins.
Pour mobiliser plus largement,
l'objectif de création de 500 aires
marines éducatives est inscrit dans la
stratégie.

Comment se passent les discussions
à Bruxelles sur la notion de protection stricte ?
La définition française de la protection forte diffère de celle de protection stricte proposée par la Commission européenne. Il nous faut trouver
les équilibres qui permettent de
conduire des activités économiques
tout en en maîtrisant les impacts
sur les enjeux écologiques propres
à chaque aire marine protégée.
C'est cette définition française de la
protection forte que je porte auprès
de l'Union européenne.



Aires Marines Protégées n°52 le marin du 20 mai 2021

Table des matières de la publication Aires Marines Protégées n°52 le marin du 20 mai 2021

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