Aires Marines Protégées n°59 le 15 juin 2023 - 1

L'aire marineire
N° 59
Juin 2023
Notre dossier : Une pêche « écosystémique »
Portrait : Armand Quentel,
« Un autre monde s'ouvre »
Un suivi du plancton transatlantique
Récupération du plancton pêché dans le cadre d'un protocole sur la qualité de l'eau par les agents du parc naturel marin d'Iroise.
À Vancouver, lors d'Impac 5, le sommet
des aires marines protégées, le parc
naturel marin d'Iroise et le parc national
du Saguenay Saint-Laurent ont initié
un partenariat pour le suivi du plancton.
L
e milieu marin est loin d'être homogène, il y
a des zones plus productives que d'autres :
c'est ce qu'on appelle les zones sources. »
Philippe Le Niliot, directeur adjoint délégué
parc naturel marin d'Iroise, travaille depuis
des années sur l'identification de ces zones.
On les trouve dans le Finistère comme dans le fjord
du Saguenay au Canada. Cette productivité est due
à une configuration océanographique particulière.
« Le front d'Ouessant se crée tous les étés : une masse
d'eau froide formée par les courants de marée entre
en conflit avec une masse d'eau plus chaude alentour.
Le courant ascendant ainsi généré mobilise les sels
nutritifs piégés sur le fond et ensemence la zone. » Le
plancton trouve des conditions idéales pour se développer,
ce qui attire les prédateurs. « Aujourd'hui,
nous voulons savoir si cette productivité est altérée par
le réchauffement climatique », s'interroge Philippe
Le Niliot qui s'appuie sur dix années de suivis.
De l'autre côté de l'Atlantique, le parc national du
Saguenay-Saint-Laurent se pose les mêmes questions.
« Nous effectuons un suivi de manière régulière
depuis 2009 », indique Samuel Turgeon, gestionnaire
de la conservation des ressources à Parcs
Canada. Ce suivi est réalisé par hydroacoustique, ce
qui n'est pas le cas en Bretagne, pour identifier la
présence de krills, un zooplancton.
Les deux parcs ont décidé d'échanger sur leurs
méthodes de suivi. « En Iroise, une méthode innovante
et automatisée pour identifier les différentes
espèces de phytoplancton est utilisée. De notre côté,
nous prenons des échantillons que nous analysons
au microscope. C'est beaucoup plus lent. » Les parcs
vont se rencontrer en 2024 pour comparer les différentes
approches et optimiser les campagnes. Les
résultats pourraient permettre d'adapter la stratégie
de gestion des parcs marins.
Ce partenariat a été initié lors d'Impac 5, le sommet
des Aires marines protégées qui a eu lieu en début
d'année à Vancouver. « Nous cherchons tous des réponses,
nous avons beaucoup à apprendre de ce que
font les autres, souligne Anne Nicolas, directrice de
projet auprès du délégué mer de l'OFB. Connaître les
pressions sur la biodiversité liées aux changements
climatiques est un défi immense qui nécessite de
tester des dispositifs d'observation. Ce sommet est le
lieu de rencontre des gestionnaires d'AMP du monde
entier. Nombreux sont ceux qui se penchent sur ces
pressions émergentes. C'est aussi pour nous l'occasion
de valoriser notre modèle qui consiste à localiser
précisément les enjeux écologiques et socio-économiques
et à analyser leurs interactions pour réduire
au maximum les pressions et gérer le milieu de façon
adaptative. »
Fabien Boileau / Office francais de la biodiversite

Aires Marines Protégées n°59 le 15 juin 2023

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