Cultures marines n°311 - 29

environnement

Actualité

75 % de l'assainissement non collectif est inefficace
L'institut de recherche en sciences
et technologies pour l'environnement et l'agriculture, l'Irstea, a jeté
un pavé dans la mare avec son
rapport sur l'assainissement non
collectif. De 2011 à 2016, l'institut a
examiné 246 installations d'assainissement non collectif en France,
réparties en 21 catégories différentes en fonction des techniques
d'épuration adoptées. Et le résultat
est cinglant. Seuls trois dispositifs
sur les 21 examinés donnent de
bons résultats. Et cela ne s'explique
pas par la vétusté des installations :
80 % de celles examinées avaient
moins de quatre ans au compteur.
L'enjeu est non négligeable car
près d'un quart de la population
française est concerné.

l'entretien est à ajouter, certains
propriétaires doivent donc réaliser
un emprunt pour financer le dispositif. Le service public d'assainissement non collectif propre à chaque
territoire apporte néanmoins une
aide financière pour une mise aux
normes des installations (« Cultures
marines » n° 296). Mais au vu des résultats de l'étude de l'Irstea, il y a de
quoi tomber de sa chaise. D'autant
plus que la plupart des installations
ont moins de quatre ans et qu'elles
ont passé les essais nécessaires

pour obtenir l'agrément européen
pour être commercialisées.
Seuls trois dispositifs passent
la barre de l'acceptable. Tous font
partie des cultures sur support fin,
en l'occurrence les filtres à sable, les
filtres par les végétaux et la filière
copeaux de coco. Les autres, les
cultures fixées immergées et les
cultures libres, sont dans le rouge
sur les deux critères de l'évaluation.
Des conclusions qui ne satisfont
pas le syndicat des professionnels
du secteur, l'Ifaa, qui pointe du

doigt la méthode utilisée pour les
prélèvements et les critères retenus quant à la qualité des eaux, ne
les estimant pas réglementaires.
Le syndicat considère dans un
communiqué que les données
collectées au cours des 1 500 visites
effectuées par l'Irstea ne sont pas
valables et conclut, lapidaire :
« On ne peut dès lors accorder la
moindre valeur aux conclusions
qui en sont tirées. »
Julie LALLOUËT-GEFFROY

L'évaluation de la qualité des
installations se fonde sur deux
cr itères : la qualité des eaux
rejetées et le coût d'entretien. Sur
la qualité des eaux, les critères
réglementaires ne prennent pas
en compte le pan bactériologique
des rejets, mais uniquement le
volet chimique et azoté. Ce qui ne
nous dit rien quant aux éventuelles
conséquences sur les eaux conchylicoles voisines.
L'entretien d'une installation,
quant à lui, est variable : plus la
technique d'épuration est complexe, plus les pièces risquent de
s'endommager, plus elles doivent
être entretenues, plus l'entretien
est onéreux. Une installation coûte
en moyenne 9 000 euros auxquels

Un coût moyen de 9 000 euros

L'Irstea a effectué près de 1 500 visites d'installations d'assainissement non collectif, seul un quart d'entre elles
présente un coût d'entretien abordable et rejette des eaux de qualité suffisante.

Faire mieux avec moins, impossible selon les agences de l'eau
Le projet de loi de finances, qui
commençait son parcours au
Parlement à la mi-octobre pour
être voté d'ici la fin de l'année,
déclenche la grogne parmi les
professionnels de l'eau. Présidents
de comités de bassin, agences de
l'eau, tous sont vent debout contre
le gouvernement qui compte
réduire de 10 % le budget des
agences de l'eau, de 200 le nombre
de salariés dans la période 20182022 ; tout en augmentant l'étendue de ses compétences.
En effet, le gouvernement souhaite baisser la redevance intégrée

à notre facture d'eau. Sauf que cette
redevance soutient l'ensemble des
agences de l'eau, le bras financier
de la politique de l'eau française sur
le principe : l'eau paie l'eau.

Les acteurs de l'eau
veulent maintenir le budget
Les agences de l'eau se verraient
donc amputées de 1,2 milliard
d'euros alors qu'elles ont fort à
faire : gouvernance, mise en œuvre
des plans d'adaptation au changement climatique, aux inondations,

amélioration de l'assainissement
ou encore atteindre un bon état
écologique des masses d'eau d'ici
2027. Mais ce serait oublier que le
budget global tiré de la redevance
devra également financer l'agence
française pour la biodiversité et
l'office nationale de la chasse et de
la faune sauvage. Effet pervers : si
le bon état écologique des masses
d'eau n'est pas atteint, la France
en subira les sanctions financières
émanant de l'Union européenne.
Face à ce casse-tête, André Flajolet, président de la commission
environnement de l'association

des maires de France, tranche net :
« Baisser les budgets et accroître
les missions est intenable,
impossible. » Il assure que des
négociations sont en cours, un
amendement concernant le budget a été déposé, un autre le sera
pour le nombre de postes. « Avec
un maintien du budget et du
nombre de postes actuels, nous
serons capables d'accomplir
nos missions. C'est ce que nous
avons demandé au ministre
de la Transition écologique et
solidaire. »
J. L.-G.
Cultures MARINES n°311 - novembre 2017

Table des matières de la publication Cultures marines n°311