Cultures marines n°311 - 8

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Faut-il revoir le cahier des charges

Marion Larronde-Larretche

Le règlement communautaire encadrant l'agriculture
biologique est en cours de
modiﬁcation. L'association
Ostréiculteur traditionnel
en a proﬁté pour demander quelques ajustements
concernant l'huître bio, et
notamment ses sources
d'approvisionnement.

Le premier frein pour la conversion en bio des ostréiculteurs est la qualité requise des eaux.

Mathieu Rouzières

Yann Bertin

conchyliculteur sur l'étang de Thau

ostréiculteur à La Tremblade

Il faut pousser la démarche jusqu'au bout.
« Je produis 90 % d'huîtres naturelles et 10 % de triploïdes mais il
n'existe pas d'étiquetage clair. C'est pour ça que je me suis converti
au bio. Et puis pour me démarquer des autres producteurs.
Ce serait plus logique que l'huître bio soit uniquement de la
naturelle, moins ambigu. Ça pousserait la démarche jusqu'au bout.
Je suis certifié depuis le mois de juillet, et pour l'instant je n'ai
qu'un parc d'huîtres et un autre de moules en bio, on n'est pas
obligé de convertir toute l'exploitation. Si je vois que les gens sont
intéressés, alors j'augmenterai ma production bio. Et j'ai déjà pas
mal d'attente de mes clients. Pas forcément sur les marchés, les gens
ont confiance en leur producteurs. Mais dans les poissonneries, les
restaurants, les bars à huîtres, il y a de la demande. Certains ont vu
des reportages sur les triplos qui leur font peur donc le bio rassure
le consommateur sur le produit vendu et la qualité du milieu.
Pour l'export ça peut être intéressant et je commence à avoir de
belles touches en Italie ou en Espagne.
Pour la moule, c'est plus difficile de s'implanter en bio à cause de
la concurrence de la bouchot. »

Cultures MARINES n°311 - novembre 2017

Le comble pour une huître bio
serait-il d'être née en écloserie ?
Oui, assurent les ostréiculteurs
traditionnels. Faux, rétorque la
Commission européenne.
Les règlements européens régissant l'agriculture biologique datent
de 2007 (2009 pour l'aquaculture
biologique) et la commission européenne a décidé il y a trois ans de
réécrire certaines règles. L'occasion
rêvée pour l'association Ostréiculteur traditionnel (OT ), de « faire
bouger les choses », explique
Benoît Le Joubioux, le président.
Le cahier des charges de l'huître
bio autorise le naissain d'écloserie
pourvu qu'il soit diploïde. « C'est
une tromperie pour les consom-

Il ne faut pas se mettre des carcans.
« J'ai deux points de vente directe où les consommateurs ne nous
réclament pas du bio, ils nous ont en face d'eux, ça leur suffit. Mais
nos clients grossistes ou les GMS nous disent que c'est dans l'air du
temps. Je suis donc en cours de conversion, dans un but commercial.
On va essayer de passer 30 % de notre production de 200 tonnes
d'huîtres en bio. On n'a pas voulu tout convertir parce qu'on fait un
peu de triplos et qu'on veut garder cette production pour l'été et pour
faire des spéciales.
On fait à peu près 20 % de triplos et le reste de naturelles. Pourtant
je ne vois pas pourquoi on s'interdirait les diploïdes d'écloserie dans le
bio. Et je ne prêche pas pour ma paroisse puisque j'utilise du naissain
de captage mais il ne faut pas se mettre des carcans et s'interdire d'utiliser du naissain d'écloserie si une année on a un mauvais captage.
Il y a de toute façon des contradictions dans le règlement car j'ai
des parcs dans des eaux qui sont classées A qui ne peuvent pas être
certifiés bio à cause de la présence de macroalgues. Les critères ne
sont pas forcément bons. Et la démarche de conversion est longue. Il
n'y a pas beaucoup d'aménagements à faire mais c'est astreignant. »

Table des matières de la publication Cultures marines n°311