Cultures marines n°311 - 94

reportage

Entreprise

Pollution à Noirmoutier, exercice grandeur nature
La meilleure manière de gérer
une marée noire, d'en limiter
les dégâts est de s'y entraîner.
Pour se faire la main, 300
personnes, conchyliculteurs,
services de l'Etat, pompiers se
sont mobilisés à la mi-octobre
pour une lutte plus vraie que
nature contre une pollution
aux hydrocarbures.

Un ramassage en mer
pour protéger les côtes
Un exercice qui a mobilisé plus
de 300 personnes sur trois jours
aussi bien en mer que sur terre,
dont une centaine rien que pour le
12 octobre à Beauvoir-sur-Mer où
était déployé un barrage flottant à
l'entrée du port du Bec.
Mais l'exercice démarre en mer,
près du navire abîmé où la préfecture maritime a déployé un lourd
arsenal de bâtiments de dépollution. « Notre première urgence,
c'est de ramasser un maximum
d'hydrocarbures en mer à l'aide
des navires de la Marine nationale avant que la pollution ne
touche les côtes », précise Hugues
Vincent, délégué à la mer et au

littoral de la Vendée. « Une fois les
navires pleins, ils se dirigent vers
les points d'accueil du port de
Saint-Nazaire pour déposer le polluant ramassé », ajoute Daniel Le
Diréach, adjoint au préfet maritime
de l'Atlantique.
Malheureusement, le travail
des officiers de la marine n'a pas
suffi pour ramasser l'ensemble des
hydrocarbures en mer. Des galettes
s'approchent dangereusement des
côtes et plus particulièrement du
port du Bec, menaçant les dizaines
de conchyliculteurs installés sur
la zone. 90 m de barrage flottant
à l'entrée du port du Bec
Face à la menace, les services de
l'État déploient un barrage flottant
de 90 mètres. Près de 120 personnes se sont réunies dès l'aube
pour installer ce barrage arrivé tout
droit du stock Polmar basé à SaintNazaire. Parallèlement, Jean-Yves
Billon, maire de Beauvoir-sur-Mer, a
activé son plan communal de sauvegarde de la commune : « Nous
connaissons bien notre littoral,
les prises d'eau et les vannages,
nous devons nous assurer que
tout est bien fermé pour protéger
les conchyliculteurs de la zone.
Nous informons également dans
les meilleurs délais le CRC afin
qu'ils préviennent les professionnels. » Marion Petit, directrice du

CRC, confirme : « Après avoir reçu
l'appel du maire, nous identifions
toutes les entreprises concernées
par le phénomène et nous les
prévenons par SMS et par e-mail. »

Un risque réel et sérieux
Même s'il s'agissait d'un exercice,
il n'en reste pas moins que la réalité
peut parfois dépasser la fiction. Le
risque de pollution aux hydrocarbures est réel et pris très au sérieux.
Dans un premier temps, c'est la prévention qui est mise en avant avec
une évolution des réglementations
fortes, des doubles coques sur les
bateaux et des contrôles renforcés
des navires. Mais le trafic est de
plus en plus important avec « 150
navires qui passent chaque jour à
la pointe bretonne dont 30 % avec
des produits dangereux », précise
Daniel Le Diréach.
La hantise, c 'est la rupture
de soute qui génère des fuites
d'hydrocarbures. Un scénario qui
ne concerne pas que les transporteurs, mais aussi les navires de commerce : « Ils sont dans une logique
de gigantisme donc il leur faut
de plus en plus de combustible
de propulsion », confirme Hugues
Vincent.
Sandrine PELLETIER

Sandrine Pelletier

Le 12 octobre alors qu'il vient de faire
une escale au port de Saint-Nazaire,
un navire est victime d'une avarie de
barre tandis qu'il talonne les roches au
large de l'île de Noirmoutier. L'impact
redouté par l'équipage a lieu et
rapidement les hommes constatent
une brèche dans la coque avec fuite
d'hydrocarbures. L'alerte est lancée et
très vite, des moyens de reconnaissance et de lutte arrivent sur zone. La
proximité du littoral et la sensibilité de
la zone convainquent le préfet maritime de l'Atlantique d'informer les
autorités terrestres susceptibles d'être
rapidement touchées. Les préfets de
Loire-Atlantique et de Vendée, mais
également les maires des communes
concernées sont informés que les
observations réalisées en mer et les
modèles de dérives font état d'une
concentration de pollution à l'entrée
de la baie de Bourgneuf. La nappe
d'hydrocarbures touche la plage
des Moutiers-en-Retz et menace le

port du Bec à Beauvoir-sur-Mer. Les
ostréiculteurs sont en première ligne
de l'arrivée massive d'hydrocarbures...
Non, vous n'avez pas loupé une
information majeure. Non, les autorités n'ont pas caché cette pollution
marine à la population. Il s'agit du
scénario proposé par les services de
l'État intitulé Atlantique 2017 pour
servir de base à un exercice d'assistance à navire en difficulté et lutte
contre une pollution maritime par
hydrocarbures le long de la façade
maritime Atlantique.

Près de 120 personnes étaient mobilisées pour assister aux opérations
de déploiement de barrage flottant au port du Bec.
Cultures MARINES n°311 - novembre 2017

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