Cultures marines n°300 - 31

charente-maritime Dossier Prix des concessions, le grand bouleversement Lamouroux, six fois moins cher qu'en 2013 Les plus mauvaises années, on y a enregistré jusqu'à 75 % de mortalités. Inexorablement, les prix se sont effondrés, avec des concessions qui se négocient aujourd'hui banc de Ronce (presqu'île d'Arvert) est aujourd'hui très recherché par les professionnels. La concession de 9 ares s'y négocie entre 4 500 et 5 000 euros. Il s'agit du site de finition le plus cher du bassin de Marennes - Oléron. Le faible prix du naissain réduit celui des concessions David Labardin En plein milieu du bassin de Marennes - Oléron, uniquement accessibles en chaland, les bancs de La Casse (300 hectares) et de Lamouroux (118 ha) sont deux hauts lieux de l'ostréiculture charentaise. Des sites très recherchés pour les huîtres en fin de cycle. « Quasiment des spéciales sur parc », commente Éric Laclau, responsable adjoint de l'unité cultures marines à la DDTM de Marennes. Les deux bancs regroupent 600 concessionnaires, dont certains venus des autres bassins ostréicoles. Ils voient défiler 30 % des volumes commercialisés dans le département. Mais La Casse et Lamouroux ont considérablement perdu de leur superbe ces dernières années. Depuis 2013 plus exactement, avec des pertes très importantes sur les huîtres de taille marchande. Éric Laclau, responsable adjoint de l'unité cultures marines à la DDTM. entre 2 000 et 3 000 euros (pour 14,72 ares) à Lamouroux, contre 12 000 euros avant les mortalités de 2013. La chute est moindre à La Casse (-25 % environ) puisque le banc s'est en partie reconverti sur le demi-élevage. Il est vrai, aussi, que les mortalités y sont moins homogènes qu'à Lamouroux. Jadis incontournable, Lamouroux subit une vraie désaffection, à tel point qu'on a même vu des concessions retirées par la DDTM après des départs en retraite, faute de repreneurs. Mais à contre-courant, certains y rachètent des concessions à bas prix en tablant sur des jours meilleurs. La Casse et Lamouroux gardent tout de même une certaine valeur : « Les professionnels ne regardent pas uniquement les mortalités, il y aussi la qualité. Et cette année, justement, je pense qu'elle sera exceptionnelle », ajoute Éric Laclau. Tout aussi qualitatif, mais avec des mortalités plus faibles, le Une montée des prix qui concerne aussi les parcs de captage, lesquels ont beaucoup « profité » de la mortalité des naissains depuis 2008. Surtout dans l'estuaire de la Charente, plus que dans la Seudre, à commencer par la pointe de la Fumée (Fouras), là où les concessions pour le captage et l'élevage se monnaient entre 1 000 et 2 000 euros l'are. « Jusqu'en 2011, les surfaces de captage ont doublé, c'était la ruée sur le naissain », se souvient l'homme de la DDTM. À tel point que le naissain ne coûte plus grand-chose aujourd'hui. Voilà ce qui explique la stagnation des prix des concessions de captage depuis cinq ans. Après l'emballement, les professionnels ne peuvent plus les revendre au prix auquel ils les ont achetées. Principale zone de captage de moules, les bouchots de la plage des Saumonards à Saint-Georges d'Oléron connaissent une flambée des cours. L'année dernière, certains mytiliculteurs n'ont pas hésité à doubler les tarifs pour acheter des ailes à plus de 20 000 euros. Un phénomène qui inquiète beaucoup la profession. Il faut dire que certains de ces nouveaux concessionnaires ont ensuite triplé la densité de cordes autorisée pour rentabiliser leur investissement. Une pratique que dénonce avec force Benoît Durivaud, vice-président en charge des moules au CRC : « Il y a une demande très forte de certains Bretons pour s'assurer la mainmise, ce qui leur permettrait ensuite d'effondrer les cours. C'est une stratégie d'étouffement qui vise à empêcher les concurrents de vendre leurs naissains, puis de racheter leurs concessions à bas DDTM17 La ruée sur les bouchots oléronais Les densités de cordes seront très surveillées cet hiver. prix, et de faire ensuite remonter les cours. » D é s o r m a i s, l a c o m m i s s i o n cultures marines du département, présidée par le préfet, n'autorise plus de transactions au-delà de 10 000 à 12 000 euros par concession. Quant à la densité de cordes autorisées, elle est passée de 10 000 à 8 000 mètres à la demande de la profession. Les contrevenants seront désormais sanctionnés : « Nous avons demandé une surveillance accrue à la DDTM. S'il y a eu des avertissements sans frais l'année dernière, il n'y aura plus de passe-droit cet hiver », prévient le mytiliculteur oléronais Françis Baudet. Cultures MARINES n°300 - octobre 2016 31

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