Cultures marines 306 - 20

pays de la loire

Actualité

Le ramassage des bigorneaux perceurs à la pelle

deux concessions accordées

Sandrine Pelletier

Prédateur connu et redouté des
mytiliculteurs, le bigorneau perceur,
facteur aggravant des mortalités,
envahit Noirmoutier et particulièrement le site de Maison blanche.
Sous l'impulsion du CRC des Pays de
la Loire, deux journées de mobilisation ont été organisées début mars
sur le secteur afin de sensibiliser les
professionnels au ramassage du
nuisible.
Activité contraignante, mais essentielle pour nettoyer les lignes. « Il
est important que l'ensemble des
professionnels adoptent cette pratique. Nous souhaitions toucher
surtout ceux qui ne pratiquent pas
le ramassage. Malheureusement,
lors de ces journées de mobilisation, seules les entreprises
déjà actives étaient présentes »,
souligne Apolline Lebourg du CRC.
Le problème des bigorneaux
perceurs est toutefois pris très au
sérieux par un certain nombre de
mytiliculteurs noirmoutrins qui
profitent de chaque marée avec
un coefficient supérieur à 90 pour
ramasser le coquillage indésirable.
« Le problème en ce moment,
c'est que les perceurs font des
nids et pondent sous les grappes

f Extraction de sable,

Les perceurs pondent sous les moules, laissant des pieux parfois entièrement nus.

de moules, ce qui a pour conséquence de les décrocher et de les
faire tomber. Certains pieux sont
entièrement dénudés », commente
Nicolas Pineau, mytiliculteur sur l'île.
Son collègue Frédéric Frioux nettoie ses pieux à chaque marée en
prenant soin de ramasser les petits
perceurs aux pieds des bouchots,
« sinon, ils percent les moules ».
La récolte régulière semble la seule
solution pour diminuer la présence
des nuisibles. « Depuis octobre,
j'ai dû en ramasser plus d'une

tonne », constate, amer, Frédéric
Frioux qui rentre après chaque
marée avec des seaux pleins de
perceurs. Une constance qu'il
faut absolument maintenir pour
préserver les moules, d'autant plus
que depuis quelques semaines, un
autre prédateur se fixe aux pieux :
les étoiles de mer. L'intervention
de l'homme pour le ramassage des
nuisibles semble encore le meilleur
moyen de protéger les moules.

Deux décrets parus le 10 mars au
Journal officiel accordent deux
concessions de sable et gravier
siliceux sur les fonds du domaine
public maritime au large des
côtes vendéennes. La première
concession, attribuée aux Sablières de l'Atlantique couvre une
zone de 5,6 km² pour un volume
maximal autorisé d'extraction de
sable et de gravier de 1,4 million
de m³ par an.
Quant à la seconde, elle est
destinée à la société Dragages
transports et travaux maritimes et
couvre une superficie d'environ
3,6 km² pour un volume d'extraction maximal de 900 000 m³ par
an. Ces deux concessions sont
accordées pour une durée de
20 ans sous réserve du respect
d'un cahier des charges qui
impose notamment un suivi régulier de l'état environnemental.

f Anaëlle Viaud, en charge
du suivi larvaire

Sandrine PELLETIER

Après les mortalités récurrentes
des deux dernières années, le CRC
a demandé au Smidap d'étudier le
comportement de moules saines
sur des sites contaminés. Ainsi,
depuis l'automne, des cordes
de moules issues de secteurs
indemnes ont été posées sur huit
sites ayant subi de grosses mortalités, allant de la Plaine-sur-Mer à la
pointe de l'Aiguillon.
Chaque mois, le Smidap procède
à un suivi des bouchots en comparant les moules de souches locales
60 %

à celles apportées pour l'étude,
en provenance de l'île Dumet.
Jusqu'en mars, la constance des relevés a permis aux scientifiques de
constater une faible mortalité sur
tous les sites et ce, quelle que soit
la souche des moules. En revanche,
avril voit apparaître les premières
mortalités, plus importantes dans
la baie de Bourgneuf. Ce pic de
mortalité trouve son explication,
« le phénomène de ponte est
variable d'une année sur l'autre
et cette année, les moules se

Mortalités cumulées à ﬁn avril 2017

50 %

Moules locales
Moules Dumet

40 %
30 %

Source : Smidap

20 %
10 %
0%

Mer Le Fiol

ine s/

La Pla

n
nche uérinière Écluseaux
chais
uillon
iguillo
e Tran ilières Aig
de l'A
La G
Les
Pas d
F
Pointe

n bla

Maiso

sont complètement vidées, elles
sont épuisées et plus fragiles »,
explique Philipe Glize, du Smidap.
En revanche, les écarts de mortalités entre les moules locales et celles
de l'île Dumet sont insignifiants.
Si les résultats constatés par le
Smidap restent encourageants, il
y a toutefois un secteur qui sort
du lot. Le site de Maison blanche
à Noirmoutier affiche un taux de
mortalité nettement plus élevé
que les autres. Ce taux avoisinant
les 50 % (il était d'environ 70 % à la
même période en 2016) surprend
par son importance et ne trouve
pas d 'explication. Seules des
hypothèses peuvent être émises,
comme « la proximité du site avec
la sortie du port de Noirmoutier.
Mais dans ce cas, pourquoi les
huîtres élevées sur ce même site
ne sont-elles pas touchées ?, se
demande Philippe Glize. Ce qui est
surprenant, c'est que ça fait trois
ans que le constat est le même ».
S. P.

Le projet Tescor montre une baisse de mortalité des moules
À la demande du CRC, le Smidap
réalise un suivi larvaire dans les
baies de Bourgneuf et de l'Aiguillon. Le but est de permettre
aux mytiliculteurs d'optimiser
le captage avec une bonne
connaissance de la qualité et de
la quantité des larves présentes
dans le milieu. Afin de réaliser ce
suivi, Anaëlle Viaud a rejoint le
Smidap au 1er avril.
Elle devra réaliser les prélèvements en mer suivant un protocole bien défini, en lien avec les
professionnels qui assureront
l'accompagnement logistique.
Les prélèvements d'eau effectués
seront ensuite tamisés pour en
récupérer le filtra qui sera analysé, compté et échantillonné
par l'Ifremer à Bouin. Chaque
semaine, la technicienne éditera un bulletin qui renseignera
le nombre de larves présentes
dans le milieu sur chacun des
sites étudiés.
Cultures MARINES n°306 - mai 2017

Table des matières de la publication Cultures marines 306