Cultures marines n°307 - 9

grand angle

Actualité

Douze hommes et onze femmes,
trois personnalités issues des
Républicains (LR), quatre du Parti
socialiste, trois du Modem, deux du
Parti radical de gauche et onze de la
société civile... mais pas de ministère de la Mer. Si la nomination
d'Édouard Philippe, député-maire
LR du Havre, petit-fils de docker, au
poste de Premier ministre a été saluée par la communauté maritime,
l'annonce de son gouvernement a
été la douche froide.
Tantôt reléguée au sein d'un
secrétariat d'État, d'autre fois
clairement affichée au sein d'un
ministère, la mer - ou l'économie
maritime - apparaît puis disparaît
régulièrement des intitulés des
équipes exécutives. La mer seraitelle, « une fois de plus, la grande
oubliée du gouvernement ? »,
s'inquiète ainsi le président de
l'Association nationale des élus du
littoral, Jean-François Rapin.
Conséquence directe, les différents secteurs de l'économie
maritime (aquaculture, pêche,
shipping, construction navale...)
ne savaient pas, à l'heure où nous
mettions sous presse, quel serait
leur ministère de rattachement

et s'ils se retrouveront ensemble,
ou séparés. « Malgré des personnalités dont la fibre maritime
est incontestable au sein de ce
gouvernement, au premier rang
desquelles le Premier ministre
ou encore Jean-Yves Le Drian
et Annick Girardin, il est difficile
de déchiffrer les intentions de
l'exécutif en ce qui concerne
l'économie bleue, dont nous
savons qu'elle constitue le levier
de croissance de notre pays »,
indique dans un communiqué le
Cluster maritime français.
La mer n'est donc pas affichée
en tant que telle dans les attributions ministérielles du gouvernement d'Édouard Philippe. La
pêche et donc l'aquaculture non
plus. Seront-elles rattachées au
ministère des Transports qui a été
attribué à l'ancienne P-DG de la
RATP, Élisabeth Borne et sous l'égide
de Nicolas Hulot, nommé ministre
d'État de la Transition écologique
et solidaire ? Ou au ministère de
l'Agriculture et de l'Alimentation
qui revient à Jacques Mézard, sénateur du Cantal issu du Parti radical
de gauche ?
L'aquaculture qui était dernière-

Présidence de la République

Pas de ministère de la Mer

Légende
Le nouveau gouvernement compte dix-neuf ministres dont trois d'État
et quatre secrétaires d'État.

ment divisée entre deux ministères
(Agriculture, Agroalimentaire et
Forêt d'une part, Environnement,
Énergie et Mer d'autre part) sera
donc peut-être réunifiée. Ou pas.
Lors de l'annonce de la composition du gouvernement, ce point
n'était pas encore clairement défini.
Avec ses dix-neuf ministres dont

trois d'État et quatre secrétaires
d'État, cette nouvelle équipe est la
plus resserrée depuis dix ans. Mais
l'histoire montre que quasiment à
chaque mandature, les gouvernements qui succèdent aux premiers
sont en général plus étoffés.
Marion LARRONDE-LARRETCHE

Vers davantage de concertation en Bretagne
cas typique s'incarne dans les projets conchylicoles à la croisée de
l'économie locale et extérieure. Des
projets qui structurent le territoire.
Une étude a été menée pour montrer les potentiels de développement et les leviers à actionner pour

Marion Larronde-Larretche

L'économie de la Bretagne repose
sur une bonne combinaison entre
les activités ancrées localement, sur
le territoire, et celles tournées vers
l'extérieur, assure le Conseil économique, social et environnemental
régional (Ceser) de Bretagne. Le

Les activités primaires contribuent à l'attractivité touristique
de la Bretagne.

« continuer à produire et résider
sur le littoral en Bretagne ».
« Force est de constater que les
freins au développement de nouveaux projets sont encore nombreux », reconnaît le Ceser. Parmi
les difficultés identifiées, il y a les
contentieux qui deviennent « quasi-systématiques, avec des procédures longues et coûteuses ».
Le principe de précaution, « qui a
valeur constitutionnelle, est parfois abusivement invoqué dans le
cadre de recours juridiques pour
suspendre la décision ou interdire
l'exploitation ».
Le Ceser souligne également
que l'ar t de la concer tation
« impose de disposer de compétences humaines, techniques et
méthodologiques qui peuvent
être difficiles à mobiliser pour
certains porteurs de projet ».
L'étude propose donc « d'imaginer des solutions originales
propres au milieu marin, tant en
matière de cadre juridique que

d'accompagnement des porteurs
de projet ou d'organisation de la
formation ».
« L'acceptabilité des projets est
intimement liée au contexte local
et au ressenti de la population, qui
ne mesure pas toujours les enjeux
pour le territoire à développer
une économie davantage axée
sur la valorisation de ses atouts
maritimes ». Le Ceser suggère
donc de poursuivre les efforts
pour une appropriation collective
des enjeux de la mer et du littoral
et d'encourager toutes les initiatives permettant de renforcer la
mobilisation citoyenne. Il faudrait
aussi développer la science de la
concertation et améliorer l'accompagnement des parties prenantes
dans la conduite du dialogue. Le
Ceser propose enfin de « définir
des procédures d'encadrement
pour éviter la multiplication des
recours abusifs ».
M. L.-L.
Cultures MARINES n°307 - juin 2017

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