Cultures marines n° 308 - 23

méditerranée

Actualité

Corse : vers un élevage d'huîtres plates ?
Si les producteurs de l'anse de
Carteau, en proche Camargue,
voient avec plaisir revenir naturellement des juvéniles d'huîtres
plates (Ostrea edulis), les parqueurs
corses ont tenté l'expérience de la
maîtrise de la reproduction et du
réensemencement. Et ça marche.
L'unité mixte de recherche Stella
mare (UMS 3514), de l'université
de Corse et du CNRS, a travaillé
en partenariat avec Bernard Pantalacci, parqueur local qui avait

déjà mené plusieurs tests dans
ses élevages. Lancé il y a quatre
ans, le projet pilote a d'abord
tenté de contrôler la reproduction
des huîtres plates endémiques,
dont des géniteurs avaient été
récoltés dans la lagune de Diana.
Première étape réussie à petite
échelle, avec quelques milliers de
naissains, suivie par les essais de
mise en élevage dans la lagune.
Lumière, salinité, qualité de l'eau.
On a aussi expérimenté plusieurs

profondeurs, plusieurs densités
d'élevage.
Une fois le meilleur protocole
d'élevage déterminé, ce sont près
de 100 000 bêtes qui ont été mises
à l'eau en juin 2016. Neuf mois
plus tard, la moitié avait quasiment
atteint la taille commerciale. « Déjà,
les volumes produits constituent
une vraie réalité économique »,
souligne la plateforme Stella mare,
qui s'est engagée dans le transfert
des savoirs et techniques auprès
des professionnels. Le siège du
CRC de Méditerranée étant éloigné, c'est le comité régional des
pêches et le SAC - Mari e Stagni
Corsi (syndicat des aquaculteurs
corses) qui sont les partenaires de
ce développement.

Thibault Quartier

Une possible relance
de la cueillette

Sur 100 000 bêtes ensemencées en 2016, la moitié a atteint la taille
commerciale au bout de neuf mois.

numéros 2 et 3. Selon plusieurs éleveurs, l'huître naturelle se montrerait plus résistante « notamment si
elle est très peu manipulée ». Des
observations en partie partagées
par le Cepralmar. Le 27 avril dernier,
alors que la température de l'eau de
Thau n'était encore que de 16 °C, les
taux de mortalité variaient selon les
origines des lots.

Les huîtres naturelles
moins impactées
Les résultats du Cepralmar
révèlent que la mortalité dans une
première écloserie est de 63 %

D otée d 'un bureau et d 'un
conseil d'administration fraîchement constitué, l'organisation
de producteurs (OP) de Thau
reprend ses activités. Depuis
début mai, elle compterait déjà
une centaine de professionnels
adhérents.
Parmi les projets : une étude sur
le prix de revient en fonction de
la taille sociale de l'entreprise
et des tonnages produits, et
des pistes de valorisation et
de transformation des coquillages. « Nous serons aussi un
outil juridique représentatif
de la profession pour aller en
justice sur les pollutions de
l'eau, les fermetures administratives ou les vols », précise
ses dirigeants.

Un concours vidéo dédié
aux cultures marines
f

« Si on parvient à bien maîtriser la phase de reproduction, a
estimé Bernard Pantalacci, alors
on pourra envisager de réensemencer l'étang et de relancer
la cueillette. Mais il ne faut pas
taper dans les stocks, pour préserver les années suivantes. »
Non seulement l'huître plate est
d'une meilleure valorisation commerciale que la creuse, mais elle
est aussi plus résistante à l'herpès
virus, tueur de cheptels ostréicoles. L'objectif est désormais
d'arriver à produire et faire grossir
un million d'individus.
Hélène SCHEFFER

Huîtres : les mortalités reprennent
Est-ce les grosses chaleurs arrivées
d'un coup fin mai ? Les huîtres
claquent à nouveau dans le bassin
de Thau. « Tout meurt, des petites
aux huîtres à taille commerciale,
révèle Adeline Pérignon, du CRC
de Méditerranée. Ça a commencé
en mai, avant les grosses chaleurs.
Elles meurent encore collées aux
fils, dès qu'elles sont un peu manipulées. » Les huîtres semblent aussi
avoir frayé plus tôt dans la saison,
provoquant peut-être une fragilité
à une période délicate ?
Les mortalités sont différentes
selon les lots, et certains élevages
d'huîtres triploïdes pourraient être
touchés à plus de 80 % sur les

L'OP de Thau revient

pour les diploïdes, 72 % pour les
triploïdes. Dans une deuxième :
16 % pour les diploïdes, 8 % pour les
triploïdes. Et pour la troisième écloserie : 32 % pour les diploïdes, 41 %
pour les triploïdes. Le naissain naturel est moins impacté : 12 % pour le
naturel de Charente, 10 % pour celui
d'Arcachon et 15 % pour celui de
Thau. Si Vibrio aesturianus est absent,
on note que Vibrio splendidus est
présent dans tous les lots. L'herpès
virus est lui plus aléatoire : un lot sur
trois est contaminé pour le naissain
de Charente, et deux sur trois pour
le naissain de Thau.
H. S.

Ouvert aux
étudiants
des lycées
maritimes dee
France mé tropolitaine,
Cap maritima
est le premier
concours national dédié à la
pêche et aux cultures marines.
Les lauréats seront présentés fin
septembre lors d'Ora maritima,
les assises de Thau sur les cultures
marines.
www.capmaritima.fr

Les produits de la mer
et notre santé
f

Le 8 juillet à Sète, Henri Joyeux,
professeur honoraire de chirurgie
et de cancérologie de la faculté
de médecine de Montpellier,
et Christine Bouguet-Joyeux,
nutritionniste, présenteront une
conférence sur la relation entre la
consommation des produits de
la mer et la santé humaine. Quels
sont les meilleurs fruits de mer
pour la santé ? Selon les différents
âges de la vie ? Comment les
consommer ? L'événement sera
réalisé en partenariat avec le CRC
de Méditerranée qui, en ce début
de saison estivale, fera déguster
des productions locales.
Le 8 juillet à 20 h 30, salle Georges
Brassens, 7, rue Jean Jaurès,
34200 Sète.
Tél. 06 20 58 72 74

Cultures MARINES n°308 - juillet-août 2017

http://www.capmaritima.fr

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